Avocat de son état et défenseur des droits humains, Me Amadou Aly Kane a été l’invité du Jury du Dimanche. Sur les ondes de la 90.3, Iradio, est revenu longuement sur le rapport annuel d’Amnesty International sur la situation des droits humains dans le monde qui alerte sur le cas du Sénégal. Dans le document rendu public mercredi dernier, l’Ong souligne notamment des entraves à la liberté d’expression et de réunion, des arrestations et détentions arbitraires, un recours excessif à la force et une stagnation des droits des femmes, des filles et des enfants. En tant que défenseur des droits humains, l’invité d’Aïssata Ndiath adhère aux constatations qui ont été faites par Amnesty International. « Ce sont des constatations que nous avons tous pu voir de nos propres yeux. Nous savons que de 2021 à février 2024, il y a eu beaucoup de répression. Beaucoup d’usage de la force et avec comme conséquence beaucoup de morts et beaucoup d’emprisonnements. On a parlé de plus de 1500 personnes détruites. Donc, on a l’impression que le Sénégal était un pays plus ou moins en guerre, vraiment contre lui-même. L’État semblait être en guerre contre ses propres citoyens. Alors, ça donc, c’est une exception, on va dire dans un pays démocratique. Mais c’est dans la nature de la démocratie. On ne peut pas dire dans un pays que c’est la démocratie installée définitivement. Il y a toujours des hauts et des bas. Il y a des flux et des reflux. La démocratie, c’est comme les vagues de la mer. Même dans les grands pays comme les États-Unis, de temps en temps, vous entendez des cas comme George Floyd. Il y a des abus », a-t-il déclaré.
Avant de continuer : « mais ici, le problème qui s’est posé, c’est le caractère systématique des violences. Le caractère systématique des abus. Parce que quand, dans un pays, on va jusqu’à arrêter plus de 1500 personnes en relation avec l’exercice de la liberté d’expression, ça pose problème. C’est un symptôme d’une démocratie malade. Donc, véritablement, notre démocratie a été malade. Maintenant, espérons qu’avec l’alternance, elle est en train de s’établir et qu’elle va s’établir ».
À la question de savoir sur quoi il fonde son espoir ? Il rétorque : « je pense que les dirigeants actuels ont quand même subi eux-mêmes les abus dont nous parlons dans leur chair. Donc, ils sont en mesure de savoir combien cela doit être évité dans un pays. Eux, ils ont été emprisonnés. Les personnes qui ont été tuées, souvent aussi, ont été tuées parce que c’était des soutiens à eux.. Les groupes de presse qui ont été également fermés, l’Internet, tout ça aussi, on sait que c’est en relation avec leur activité politique. Alors, donc, aujourd’hui, je pense qu’ils doivent en tirer des leçons et voir un peu qu’est-ce qu’il faut éviter, qu’est-ce qu’il faut faire pour protéger les droits humains dans le pays. Et protéger également les droits des Sénégalais. Je crois que c’est dans cette direction qu’il faut aller. Il faut tirer les leçons de ce qui nous est arrivé. On connaît les manifestations. Il faut voir pourquoi c’est arrivé et éviter maintenant de nous replonger dans la même situation ».
Cheikh Moussa SARR et Pape Doudou DIALLO (Photo)