Le rapport de la Cour des Comptes sur la situation des finances publiques du Sénégal, couvrant la période 2019-2024, met en lumière des irrégularités significatives dans la gestion budgétaire et de la dette publique.
Des recettes en hausse, mais des anomalies persistantes
Selon les chiffres officiels, les recettes du budget général ont suivi une tendance haussière, atteignant 16 160,8 milliards de F CFA sur cinq ans. Toutefois, la Cour note des irrégularités dans le rattachement des recettes, certaines ayant été comptabilisées sur l’exercice précédent pour minorer artificiellement le déficit budgétaire. De plus, les créances fiscales à recouvrer, sous-estimées à 408,2 milliards de F CFA, s’élèveraient en réalité à 669,9 milliards en incluant les droits de douane non comptabilisés.
Une explosion des dépenses et des transferts opaques
Les dépenses du budget général ont atteint 21 007,13 milliards de F CFA, avec une augmentation de la masse salariale de 74,97 % en cinq ans. La Cour relève que 2 562 milliards de F CFA ont été transférés à des entités non personnalisées de l’État (SNPE), dont la gestion échappe aux procédures de contrôle habituel. Parmi ces comptes, le « CAP/Gouvernement » et le « Programme de Défense des Intérêts économiques et sécuritaires du Sénégal (PDIES) » ont enregistré des décaissements massifs sans justification détaillée, atteignant respectivement 1 343 et 303 milliards de F CFA.
Des dettes non retracées et un déficit budgétaire sous-estimé
La dette publique a connu une gestion approximative, avec des écarts importants entre les données officielles et celles des partenaires financiers. Par exemple, les emprunts projets déclarés par la Direction de l’Ordonnancement des Dépenses publiques (DODP) sont systématiquement supérieurs aux chiffres du Tableau des Opérations Financières de l’État (TOFE), entraînant une sous-évaluation du déficit budgétaire réel.
Des recommandations pour une gestion plus rigoureuse
Face à ces constats, la Cour recommande de mettre fin aux affectations de trésorerie en dehors des lois de finances, de mieux encadrer les comptes de dépôt et d’intégrer la gestion des fonds spéciaux dans les circuits budgétaires officiels. Le ministère des Finances s’est engagé à renforcer le contrôle et la transparence, notamment par la mise en place d’une plateforme de gestion des ressources externes en 2025.
En conclusion, ce rapport révèle une situation préoccupante des finances publiques sénégalaises, avec des déficits masqués, des dépenses mal contrôlées et une gestion de la dette approximative. La mise en œuvre des recommandations de la Cour sera déterminante pour restaurer la transparence et la crédibilité budgétaire du pays.
Emedia