Ils sont en groupes de deux, trois voire cinq étudiants dans le jardin de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Au même moment, d’autres, par contre, ont fait le choix d’être seul pour mieux se concentrer. On est en plein dans la période des préparatifs des examens de fin d’année où les étudiants squattent les zones calmes de l’université pour se consacrer aux révisions.
Ces rassemblements synonyme de solidarité et d’entraide entre étudiants favorisent cependant leur exposition face à plusieurs maladies transmissibles par voie sanguine, par contact direct ou par contact avec des objets souillés par le sang telles que l’hépatite B ou le VIH. Ces deux maladies ont fait d’ailleurs l’objet d’une note de service publiée hier par le Centre Régional des Œuvres Universitaires Sociales de l’Université Alioune Diop de Bambey, relative à la recrudescence de cas de maladies de VIH et de l’hépatite B dans le district sanitaire.
Cette situation préoccupante exige une prise de conscience de la part des étudiants qui devront « veiller à l’usage individuel des récipients pour manger ou pour boire (tasses, assiettes, cuillères…) », nous dit la note.
Difficile pour ceux de l’UCAD qui pensent que ces maladies ne peuvent en aucun cas être prévenus en milieu estudiantin. C’est du moins ce qu’a tenté d’expliquer ce groupe de cinq étudiants en première année de licence en sciences politiques.
« Oui j’ai vu la note hier, mais c’est compliqué », déclare l’un d’entre eux. Moustapha Faye étudiant en première année en sciences politiques à l’Ucad se dit « attristé de voir que les maladies se répandent dans l’université de Bambey. » Pour ce dernier, « ce sont les étudiants qui doivent prendre leur responsabilité et se protéger eux-mêmes parce qu’ils sont majeurs et vaccinés même si cela va être très difficile pour nous de prévenir certaines maladies. »
L’étudiant avec son cahier entre les mains, pense de surcroît qu’une maladie comme le VIH ne devrait pas se répandre dans les universités parce, que dit-il, « au Sénégal, nos valeurs nous interdisent de faire certaines choses même si dans certains cas on ne peut pas y échapper mais on peut se prémunir, se protéger avant de passer à l’acte parce qu’on est des grands donc c’est à nous de prendre notre responsabilité et d’éviter de se partager les objets personnels comme les lames, les rasoirs, etc. »
Son camarade de faculté, Modou Cissé, met en avant la solidarité des étudiants qui pourrait être un frein pour la prévention de ces maladies. « Ce sera très difficile pour nous de se protéger contre ces maladies comme l’Hépatite B surtout au niveau du restaurant où il y a des milliers d’étudiants qui se partagent tous, tasses, cuillères, plats, etc. Il y a aussi la solidarité entre étudiants et c’est en ces moments de solidarité que les maladies se propagent donc je ne pense pas qu’il ait des moyens pour prévenir ces maladies en milieu universitaire », ajoute-t-il.
La période menstruelle chez les filles est aussi des moments où la négligence de certaines filles peut exposer leur prochain par rapport à une contamination rapide. C’est ainsi que l’étudiante Bineta Diouf appelle ses semblables à plus d’hygiène pendant ces périodes. « J’ai eu un peu peur lorsque j’ai appris la nouvelle parce que la vie estudiantine est très complexe parce qu’on est tout le temps en rassemblement soit dans les amphithéâtres, ou dans le campus social parce qu’au niveau des chambres, surtout lorsqu’on est en période de menstruation, il y a parfois la négligence de certaines d’entre nous et ce sera difficile d’identifier une personne porteur d’une maladie et qui ne l’est pas. Donc il faut que nous prenons notre responsabilité dans ces conditions la », a-t-elle déclaré.
Si la prévention de ces maladies doit être de rigueur pour la sécurité des étudiants en milieu universitaire, force est de reconnaître par contre que les coutumes et les traditions de notre société peuvent être considérées comme des blocages par rapport à certaines décisions prises par les étudiants afin de se protéger contre ces maladies dont les modes de transmission sont souvent rapides.
Boubacar Gueye étudiant en sciences politiques le démontre : « lorsque j’ai parcouru la note de service de l’Université Alioune Diop de Bambey, je me suis dit immédiatement qu’avec le mode de vie que nous menons à l’université, ces maladies vont facilement se répandre dans les universités parce que pour l’hépatite B, la mode de transmission est très rapide, donc connaissant la vie estudiantine ce sera très difficile de prévenir cette maladie. Par exemple, au niveau des amphithéâtres, on s’assoit côte à côte, au restaurant c’est pareil, ce sont des files indienne sans fin, nonobstant le partage des mêmes ustensiles qui se passe à l’intérieur du restaurant et l’hygiène n’est pas de rigueur avec la vaisselle, donc il n’y a que Dieu qui peut nous en préserver. »
Arame Fall NDAO