La reddition des comptes va démarrer sous peu. La raison ? le ministre de la Justice, Garde des Sceaux a procédé, ce mardi matin, à l’installation officielle des magistrats du Pool financier (PJF). À cette occasion, Ousmane Diagne, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a soutenu que ce moment solennel symbolise l’engagement indéfectible des autorités étatiques à rendre effectif ce nouveau mécanisme créé par la loi numéro 2023-14 du 2 août 2023 modifiant le code de procédure pénale pour remplacer la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI). « La mise en place du Pool judiciaire financier est une réponse aux nombreux défis posés par l’exigence citoyenne de redevabilité, la mondialisation de l’économie, les flux rapides de capitaux, le développement des technologies de l’information et de la communication ainsi que les multiples réseaux criminels qui ne sauraient donc être démantelée que par des mécanismes judiciaires adaptés », dit-il.
Selon le ministre, depuis plusieurs décennies, le Sénégal a montré une réelle volonté de combattre la mal gouvernance économique, ainsi que la corruption et les détournements. « Cette nouvelle juridiction spécialisée vient s’ajouter aux structures existantes telles que la Cour des comptes, l’Inspection générale d’État, l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption et la Cellule nationale de traitement des informations financières scientifiques pour davantage lutter contre les actes de prévarication et asseoir une gouvernance éthique et exemplaire. La loi sur le Pool judiciaire financier s’inscrit dans la même dynamique en ce qu’elle hérite des dispositions pertinentes de la loi relative à la CREI et qui prend en compte les critiques formulées contre celle-ci et intègre les engagements internationaux d’autres pays en matière de lutte contre les pires formes de criminalité transnationale organisée », a déclaré le garde des sceaux.
Poursuivant, il ajoute que le Pool judiciaire financier allie les besoins d’efficacité dans la répression et l’efficience dans la gestion des ressources humaines. « Il ne se limite pas seulement à remplacer la CREI, mais se veut plus innovante et conforme aux exigences du moment. Aussi dispose-t-il d’un domaine de compétences plus élargi. En ce sens, outre l’enrichissement illicite, le pôle prend en compte d’autres incriminations telles que la corruption, des pratiques assimilées, les détournements, escroqueries et soustractions de deniers publics, le faux monnayage, les infractions liées aux technologies de l’information et de la communication, les infractions liées à la réglementation des marchés publics, piraterie maritime, financement du terrorisme, le trafic de migrants, les infractions liées à la réglementation bancaire », précise-t-il. Avant d’enchaîner : « pour certaines de ces infractions, ils partagent la compétence avec les juridictions de droit commun et pour d’autres, ils l’exercent de manière exclusive. En tout état de cause, des mécanismes sont aménagés pour prévenir ou résoudre les éventuels conflits de compétences ».
S’adressant aux magistrats qui composent ladite juridiction, il les exhorte à donner le meilleur d’eux-mêmes pour l’atteinte des objectifs assignés à cette juridiction. l’Etat de son côté, assure le ministre, ne ménagera aucun effort pour leur permettre de travailler dans les conditions optimales de performance et d’épanouissement professionnel. « Je sais que l’espoir placé en cette nouvelle juridiction est immense et les attentes multiples, mais je demeure convaincu qu’avec l’implication de tous dans la quête d’une gouvernance économique et financière irréprochable, ainsi qu’une collaboration permanente des différentes institutions de lutte contre les nouvelles formes de criminalité, les résultats seront au rendez-vous. Chers membres du Pôle judiciaire financier, les principes d’indépendance et d’intégrité auxquels vous êtes profondément attachés devront toujours vous servir de viatique dans l’accomplissement de votre mission », a-t-il conclu.
Cheikh Moussa SARR