
Les habitants de Sagatta Djoloff, dans le département de Linguère, ont organisé un point de presse pour exprimer leur ferme opposition à la décision des autorités de confier la gestion des forages ruraux à la Société d’Exploitation des Eaux Rurales (SDER).
Fiers de la performance de leur comité de gestion affilié à l’ASUFOR (Association des Usagers des Forages Ruraux), les habitants rejettent catégoriquement toute tentative de privatisation de leur ressource en eau.
« Nous ne sommes pas d’accord avec les conventions signées entre l’État et des opérateurs privés pour gérer nos forages. Nous nous opposerons fermement à toute tentative de mainmise sur nos installations », a lancé Abdou Dieye, porte-parole des populations.
Il rappelle que le forage de Sagatta Djoloff, construit en 1973, est géré depuis 2003 par un comité local qui assure efficacement l’approvisionnement en eau, aussi bien pour les besoins domestiques que pour l’agriculture et l’élevage.
Selon lui, l’arrivée de la SDER dans la région a suscité une inquiétude croissante parmi les populations rurales. « Partout où la SDER est installée, les pannes deviennent fréquentes et prolongées, les factures explosent. Nous ne voulons pas vivre ce cauchemar », a-t-il alerté.
Les populations redoutent également la stratégie de communication déployée par les délégataires privés pour séduire les comités de forage les plus performants. Pourtant, à Sagatta Djoloff, les résultats parlent d’eux-mêmes : le comité local a financé, sur fonds propres, l’installation d’un système solaire de 10 millions de FCFA et l’achat d’une pompe de secours à 7 millions de FCFA.
« Pourquoi devrions-nous remettre cette gestion entre les mains de sociétés privées alors que nous assurons déjà un service de qualité ? », s’interroge Abdou Dieye.
Kewe Sine, présidente du Groupement d’Intérêt Économique (GIE) des femmes, dénonce à son tour les tarifs proposés par la SDER. Elle évoque notamment un coût de branchement fixé à 170 000 FCFA et un tarif de 250 FCFA/m³, même pour les écoles et lieux de culte. « Cela est inacceptable. L’eau ne peut pas devenir un luxe pour nos communautés », déclare-t-elle.
Face à cette situation jugée alarmante, les habitants de Sagatta Djoloff, brassards rouges au bras, lancent un appel solennel au président de la République, Bassirou Diomaye Faye, et au Premier ministre, Ousmane Sonko. Ils exigent que la gestion des forages demeure entre les mains des populations à travers les ASUFOR, et non d’opérateurs privés.



Nalla Diop, Emedia Linguère