Le Ministre Secrétaire Général du Gouvernement, Ahmadou Al Amine Lo, a présenté les grandes lignes des réformes économiques à venir lors de son intervention dans l’émission Point de Vue sur la RTS1. Dans un discours pragmatique et sans détour, il a annoncé des mesures d’austérité qui toucheront plusieurs secteurs, notamment la réduction des salaires des hauts fonctionnaires, la suppression d’agences, des exonérations fiscales, ainsi que l’élimination des subventions sur l’électricité, le carburant et l’eau.
Selon Al Amine Lo, la priorité des réformes sera de réduire les dépenses publiques. Il a mis en avant la nécessité de rationaliser le fonctionnement de l’État, notamment en supprimant des agences jugées superflues. Il a également abordé la question des exonérations fiscales, qui avoisinent actuellement les mille milliards de francs CFA, précisant que seules les exonérations justifiées seront maintenues. En ce qui concerne les subventions, Al Amine Lo a estimé qu’elles devaient être limitées aux populations vulnérables. Il a souligné que les subventions actuelles bénéficient trop largement à tous les segments de la population, y compris les plus aisés, ce qui, selon lui, n’est pas soutenable
Le ministre a également évoqué la nécessité d’un « rebasing salarial », une réforme qui pourrait entraîner une réduction des salaires dans certaines agences et directions générales. Cependant, Al Amine Lo a précisé que les petites rémunérations ne seraient pas affectées par ces ajustements. Ce processus viserait à faire en sorte que ceux bénéficiant de salaires élevés fassent un effort financier, soit de manière temporaire, soit de façon permanente.
Dans un autre registre, Al Amine Lo a mis en garde les syndicats contre toute revendication excessive, notamment celles qui seraient issues de promesses populistes faites dans le passé. Selon lui, de telles demandes pourraient créer une pression sociale insoutenable, menant à une crise sociale. Il a appelé à un retour à des revendications plus réalistes, dans le cadre des réformes en cours.
Sur le plan des recettes, Al Amine Lo a insisté sur la nécessité d’améliorer la collecte des impôts, notamment l’impôt foncier et l’impôt sur les revenus. Il a déploré le faible taux de déclaration fiscale parmi les citoyens, notamment pour l’impôt foncier, et a souligné la volonté du gouvernement de réformer le code fiscal et de moderniser les procédures de perception des impôts. L’objectif est d’élargir la base fiscale et de lutter contre la corruption afin de renforcer les finances publiques.
Le ministre a également assuré que le gouvernement mettra tout en œuvre pour ramener le déficit budgétaire à des niveaux plus raisonnables, avec un objectif de 5 % d’ici 2025. Il a précisé que cette démarche serait accompagnée par une loi de finances récréative qui permettra de rétablir une soutenabilité budgétaire. En 2023, le déficit budgétaire du Sénégal avait atteint 12,30 %, un niveau qu’il jugeait inquiétant et insoutenable à long terme.
Ces réformes, qui marquent un tournant dans la gestion des finances publiques sénégalaises, devront faire face à des résistances, notamment sociales. Toutefois, Ahmadou Al Amine Lo a insisté sur le fait qu’elles sont nécessaires pour garantir la pérennité économique du pays et pour réduire son endettement, jugé trop élevé. Les réformes commenceront en 2025 et devraient produire leurs effets dans les deux à trois ans qui suivent.
Emedia