Des intellectuels africains et activistes de la société civile réunis à Abuja ce 7 février 2024 ont, dans une déclaration parvenue à Emedia, « tenu à exprimer leur choc et leur profond dégoût face à l’utilisation des gendarmes pour expulser physiquement les parlementaires de l’opposition de l’Assemblée nationale hier soir (lundi, ndlr), en vue de l’adoption d’un projet de loi inconstitutionnel prolongeant le mandat du président Macky Sall pour un troisième mandat et reportant les élections présidentielles qui étaient prévues le 25 février 2024 ».
Pour eux, « cet acte constitue une violation flagrante de l’État de droit et des droits démocratiques du peuple sénégalais. C’est également une violation de la Charte de l’Union africaine, de la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance, ainsi que du Protocole de la CEDEAO sur la démocratie et la bonne gouvernance, auxquels le Sénégal a adhéré et intégré dans son droit interne. Nous exhortons donc le gouvernement sénégalais à respecter la sacralité du processus démocratique.»
Très remontés, Pr Adele Jinad, Pr Adebayo Olukoshi, Dr Kole Shettima, Abuja, Nigeria, Dr Emmanuel Akwetey, Institute for Democratic Governance, Accra, Ghana, Prof Jibrin Ibrahim, Senior Fellow, Centre for Democracy and Development, Abuja, Prof Mohammad Kuna, Usman Danfodiyo University Sokoto, Nigeria et E.A. Johnson Électoral Practitioner The Électoral Forum disent avoir « suivi avec un vif intérêt la détermination du peuple sénégalais à bloquer toutes les tentatives du président Macky Sall de se procurer un troisième mandat ainsi que son annonce de ne pas rechercher un tel mandat illégal, catégoriquement interdit par la Constitution du Sénégal. Il est désormais clair que sa déclaration publique n’était qu’une ruse pour tromper le peuple et poursuivre son ambition mégalomane de prolonger son règne. » Et ces intellectuels d’ajouter : « C’est pour cette raison qu’il a déployé la police pour arrêter brutalement toutes les manifestations, couper Internet et continuer à utiliser le système judiciaire pour emprisonner et intimider tous ceux qui s’opposent à son ambition de continuer à gouverner par des moyens extraconstitutionnels.
Le président Sall s’aventure à entraîner le Sénégal sur la voie de l’instabilité politique, de l’anarchie et des troubles civils, et toutes les forces démocratiques en Afrique et dans le monde devraient converger dans une lutte unie pour stopper cette dérive et maintenir le Sénégal dans sa tradition démocratique. »
Ils appellent « le peuple sénégalais à maintenir sa lutte opiniâtre pour la préservation de la démocratie. Il s’agit d’une lutte commune pour tous les Africains et les forces démocratiques, la CEDEAO, l’UA et l’ONU à déclarer ouvertement que les actions du président Sall et des crapuleux législateurs qui ont soutenu son projet de loi anticonstitutionnel sont contraires à la Constitution, tout en exigeant un retour immédiat à l’ordre constitutionnel et au calendrier électoral prévu. Le constitutionalisme et l’organisation des élections en temps voulu sont les fondements de la démocratie qui doivent être préservés. »
Malick Sy