Un matin aux Almadies 2 de Keur Massar, les rues et ruelles du quartier sont dégagées. Les voies sauvages de la latérite rougeâtre et poussiéreuse campent le décor. Des pots de fleurs sont exposés devant les habitats. A quelques pas de la station, une jeune dame est sur le point d’ouvrir la porte de son salon à Bés bi et Emedia.sn. Juste à l’entrée, une fille est royalement calfeutrée. Les pieds posés sur une table à verre, Tako Sow savoure sa tasse de jus. Sur sa culotte cargo, la télécommande entre les mains, elle fait défiler l’écran. Derrière ce confort se cache une dame traumatisée. «Cela fait deux mois que je soigne ma plaie au niveau du poignet. A la base, c’est une petite plaie que j’ai eue du mal à soigner. Malgré les pansements, elle se taille une surface dans ma chair. Avant, je faisais le linge mais avec cette injection, je n’en fais plus», s’apitoie-t-elle, le visage crispé.
Tako Sow porte les stigmates de sa dernière blessure qui a du mal à se cicatriser. Elle a une ouverture au niveau du poignet gauche. En faisant le linge, elle s’est ouverte la peau et depuis lors, la plaie ne se cicatrise pas. Après diagnostic, le résultat médical sonne comme un couperet. «Je souffre de diabète, c’est ce qui ressort de mon bulletin médical. Le médecin m’a suggérée de faire attention quand je fais le linge car certaines ouvertures peuvent me coûter cher. Je regrette, si c’était à refaire je ne ferai pas d’injection», regrette la jeune demoiselle, une perruque à l’afro sur la tête.
Atteint psychologiquement, Tako a même peur de laver ses sous- vêtements. «J’ai dû embaucher une jeune fille juste pour laver mes petites culottes. Je sais que c’est très intime. Mais que faire ? Je ne veux pas prendre le risque de me blesser à nouveau. Chaque semaine, je décaisse 3000 francs, soit 12000 par mois», regrette-t-elle, les yeux derrière une paire de lunettes.
M. DIASSY et A. A. KANTÉ