Jamais, peut-être, une prise de contact entre un chef d’Etat sénégalais et son homologue français n’a été aussi épiée. Les laboratoires médiatiques avaient déjà annoncé le ton de cette première rencontre sur un air de «rupture» jusque dans les formules, au point de bouleverser les usages diplomatiques. Finalement, c’est bien le Président français qui a reçu son homologue sénégalais. Et encore… Il est clair que l’on a vu les vidéos et photos d’un Diomaye Faye descendant du véhicule, accueilli par Emmanuel Macron, poignée de main pour immortaliser le moment, sourires généreusement distribués. C’est le côté solennel et officiel. La diplomatie s’exprime aussi par les détails. Bés bi a appris, cependant, de personnes habituées des réceptions officielles de l’Elysée que «le Président Diomaye Faye n’a pas été reçu dans la cour d’honneur de l’Elysée, sur le perron. Il (Macron) l’a
accueilli par l’arrière, côté jardin, moins visible, moins cérémonieux».
Un diplomate y voit «une petite tache» et estime que le Président français «aurait dû l’accueillir sur le perron de l’Elysée». Le diplomate d’ajouter : «Visite d’Etat, visite officielle ou visite privée, le chef de l’État français reçoit toujours son homologue sur le perron de l’Elysée. Même Ursula von der Leyen, qui n’est pas président de la République, il la reçoit sur la cour d’honneur. Mais l’Elysée a fait passer le Président Diomaye par la Grille du Coq, c’est-à-dire là où personne ne le voit». Bés bi a tenté d’avoir la présidence sénégalaise, mais sans succès.
La Grille du Coq, le côté jardin de l’Elysée
Pourtant, cette porte par laquelle le Président sénégalais serait passé n’est pas aussi petite. Pour avoir vu des grands y passer. Dans un article intitulé «Comment les présidents sortent en cachette de l’Élysée», publié en 2022, aufeminin.com avait présenté «cette grille monumentale ornée d’un coq gaulois, emblème hexagonal».
Reprenant le journaliste Patrice Duhamel et le scénariste Jacques Santamaria qui avaient publié, en 2017, le livre «L’Élysée, histoire, secrets, mystère», aux éditions Plon, le site rapportait que la Grille du Coq est «prestigieuse» et «discrète». «Parfaite quand un président veut recevoir le plus confidentiellement possible ses visiteurs du soir. (…) François Hollande l’utilisait (aussi) pour aller voir en douce sa belle de l’ombre, l’actrice Julie Gayet», lit-on. Cette visite de Diomaye n’était quand même pas si confidentielle, si privée ! Les auteurs ajoutaient d’ailleurs que la Grille du Coq a «été aussi d’une réelle utilité côté sécurité». «La Grille du Coq est le passage symbolique choisi pour quelques grandes occasions. […] C’est là qu’arrivent au début de leur voyage officiel certains grands dirigeants étrangers, comme John Kennedy en mai 1961», ajoutent les mêmes sources.
Hamath KANE