Beaucoup l’auraient supplié qu’il emporte ses secrets dans sa tombe. Mais Robert Bourgi, qui a le sacré privilège de fréquenter les bonnes et mauvaises personnes, assisté aux scènes irréalistes et inédites entre politiques, vendre son génie de lobbyiste, est le genre à partager des anecdotes. Hommes politiques africains, français et du monde sont passés par lui, le «fils de Jacques Foccart», pour régler leurs «problèmes». Dans «Ils savent que je sais tout : Ma vie en Françafrique», son livre-mémoire, livre-entretien à paraitre aux éditions Max Milo, Robert Bourgi raconte sa vie au journaliste Frédéric Lejeal. Entre les dollars de Blaise Compaoré à Chirac cachés dans des djembés, et ouverts dans la cour de l’Elysée, le milliard de FCFA de Omar Bongo à Abdoulaye Wade pour sa candidature en 2007 par l’intermédiaire de Karim ou encore Wade qui a remis une mallette contenant 1 million de dollars dans le bureau du secrétaire général de l’Elysée, en avril 2002 pour la campagne de Chirac…, la Françafrique a fait ses beaux jours. Il a réservé des «bonnes feuilles» de son livre à Emedia. Radio Bourgi a parlé.
Combien d’argent liquide le n°1 gabonais donnait-il à l’issue de ses audiences ?
Je l’ignore, mais sa générosité était universelle. Il distribuait toujours ce cash dans des enveloppes krafts. Ce que je sais, en revanche, est qu’il avait ses fiches d’audience bien en main, et ce, depuis la veille. Il savait évidemment qui il allait recevoir et composait donc la somme en conséquence, en compagnie de ses hommes de confiance, à savoir son aide de camp officiel et son aide de camp privé. Bongo ne touchait jamais l’argent. Il prévoyait et faisait préparer la somme.Je pense, sans trop me tromper, que, sur le plan africain, chaque chef d’Etat passant par Libreville pour demander opportunément une audience, le montant ne descendait pas en dessous de 500 millions francs CFA, soit 800 000 € actuels. Il ne donnait cette somme qu’aux présidents de pays plus ou moins nécessiteux, surtout ceux d’Afrique de l’Ouest.
N’allez pas croire qu’il distribuait de telles sommes à des Paul Biya ou à des Denis Sassou Nguesso qui n’en avaient pas du tout besoin. Il aidait des opposants également. Ce montant pouvait monter lorsque ces mêmes chefs d’Etat étaient en campagne électorale. Je sais pour l’avoir entendu du côté de Bongo, que pour la campagne présidentielle de 2007 d’Abdoulaye Wade, il avait fait parvenir, par l’intermédiaire de Karim Wade, 1 milliard francs CFA (plus de 1,5 million €). Les ministres de tous les pays africains, c’était minimum 100 millions francs CFA, soit 150 000 €.
Il me disait tout le temps : «Tu vois Fiston, ils demandent tous des missions auprès de moi, mais je sais pourquoi ils viennent.» Quel que soit le statut, ça ne descendait jamais en dessous de 500 millions francs CFA, à peu près 80 000 €. Pour les visiteurs gabonais, c’était plus modeste. Il ne donnait d’ailleurs pas tout le temps, mais cela ne descendait pas en dessous de 5 ou 10 millions francs CFA.
À suivre
Emedia.sn