À Sabodala, les travailleurs de la société minière Sabodala Gold Operations (SGO), filiale d’Endeavour Mining, sont en alerte face à une décision de la direction annonçant une réduction de 40 % de leurs salaires à partir du 1er juin. Une mesure jugée « inacceptable » par les représentants du personnel, qui envisagent un mouvement de contestation si la direction ne revient pas sur sa décision.
Face à la presse, Abdoul Khadre Ba, membre du collège des délégués du personnel de SGO, a dénoncé une démarche unilatérale de la direction. Il a rappelé que cette dernière avait évoqué en mars une supposée crise économique pour justifier la baisse des rémunérations. Une justification que les délégués réfutent catégoriquement.
« Après vérification, nous avons constaté que la mine n’est pas en situation de perte. Au contraire, les résultats de production pour l’année 2024 sont positifs. Nous avons d’ailleurs transmis une correspondance à la direction, avec des éléments de preuve à l’appui, pour contester ce motif que nous jugeons fallacieux », a déclaré Abdoul Khadre Ba.
Il précise que depuis 2016, les employés travaillent selon les termes d’un accord d’établissement toujours en vigueur, conformément aux dispositions du Code du travail qui prévoient qu’un accord à durée déterminée devient à durée indéterminée une fois expiré. C’est dans le cadre d’une renégociation de cet accord que les discussions ont été entamées avec la direction.
Cependant, les négociations ont été brusquement interrompues, la direction ayant annoncé unilatéralement la mise en place d’un nouveau système de rotation du personnel (roster), en plus de la réduction salariale. « La direction a notifié à tous les employés qu’elle arrêtait les négociations et imposait ce nouveau rooster dès le 1er juin. Ce genre de décision ne peut pas se prendre sans concertation, surtout en présence d’un accord d’établissement », déplore le délégué.
Les représentants du personnel ont saisi l’inspection du travail ainsi que les autorités administratives et politiques pour dénoncer cette situation. Ils demandent une conciliation dans les règles prévues par la législation sénégalaise. En cas d’échec, un dépôt de préavis de grève n’est pas exclu.
« Réduire les salaires de 40 % dans une mine qui a 15 ans de production, c’est inacceptable. Au lieu de valoriser les employés, on veut les appauvrir. Nous n’accepterons pas cela », martèle Abdoul Khadre Ba, qui appelle la direction à revenir à la table des négociations pour éviter un conflit social ouvert.
Ibrahima Sorry Kalloga, Emedia Kédougou