Ziguinchor – Le quartier historique de Santhiaba a vibré au rythme des 72 heures culturelles, un événement porté par les jeunes et coordonné par l’acteur culturel Abdoulaye Baldé, plus connu sous le nom d’Apolo. Organisé sur trois jours, du vendredi au dimanche, ce festival multidimensionnel s’est voulu à la fois festif, éducatif et revendicatif.
Au programme : un renforcement de capacités en entrepreneuriat et en informatique pour 40 jeunes en collaboration avec le partenaire Accent, un tournoi de football, un sabar, ainsi qu’une conférence historique animée par d’éminents fils du quartier, retraçant l’histoire de Santhiaba, berceau des premiers maires de la commune de Ziguinchor, Jules Charles Bernard et Étienne Carvalho.
Mais au-delà de la célébration culturelle, l’événement a été l’occasion pour les organisateurs d’alerter les autorités sur la situation préoccupante du quartier. Pour Apolo, l’un des objectifs de ces 72 heures est de réunir les jeunes autour d’un idéal commun : le développement de Santhiaba. « On sent une dislocation entre les jeunes. Ce n’est pas normal. À travers cet événement, nous voulons les amener à s’unir autour de l’essentiel », a-t-il déclaré.
Les habitants pointent du doigt l’absence criante d’infrastructures de base. La voirie reste un problème majeur : des chantiers entamés depuis 2021, notamment celui de la rue du chef de quartier feu Ousmane Sène, n’ont jamais été achevés. À ce jour, seule une route menant vers les 54, en direction de l’église Saint-Antoine de Padoue, est en chantier. Le reste du quartier demeure enclavé.
Santhiaba ne dispose ni de place publique, ni de marché, ni d’établissements secondaires. Deux seules écoles élémentaires – Seydou Kane et Francisco Carvalho – y sont implantées. « Nous n’avons ni CEM, ni lycée. Nous demandons à l’État de nous octroyer des espaces pour construire ces infrastructures », a plaidé Apolo.
L’insalubrité et le manque de canalisation aggravent la situation. Les eaux stagnantes envahissent les ruelles, faute de système d’évacuation vers le fleuve. « C’est un problème d’assainissement que nous dénonçons depuis longtemps, sans réponse concrète », déplore-t-il.
Malgré les efforts des jeunes, les organisateurs regrettent l’absence de soutien institutionnel. « Depuis 2023, nous avons écrit à la mairie, au conseil départemental et au ministère de la Culture. Nous n’avons reçu aucune réponse, aucun appui. Cette année encore, nous avons dû compter uniquement sur les fils et filles de Santhiaba », confie Apolo.
L’événement a toutefois pu compter sur des parrains de renom : le footballeur international Zarko Touré, le professeur agrégé en sciences économiques Samba Mbaye, le président de Takku Laxassay Fallou Sylla, ainsi que le président d’honneur de l’ASC Santhiaba, Ousseynou Mané, alias Édja. La marraine, Seynabou Sadio, dite Ndéye Sadio, responsable politique à Santhiaba, a également répondu présente.
Plusieurs partenaires ont soutenu cette édition, notamment SMI Sup Management, Intelligentsia, Sinergy Plus, et Campus Accent.
Par cette mobilisation citoyenne, les habitants de Santhiaba espèrent que leurs cris de détresse seront enfin entendus, et que ce quartier emblématique de Ziguinchor retrouvera la place qu’il mérite dans les priorités des autorités locales et nationales.
Emedia
