Le langage diplomatique est toujours encodé, surtout dans des situations d’incertitude politique. Ce que nombre de commentateurs et surtout les « tabloïds » sénégalais n’ont pas bien assimilé.
Quand le Secrétaire d’État américain appelle le Président du Sénégal – un pays ami des USA – on s’empresse de parler de pression. Lorsqu’un communiqué mentionne la nécessité de rétablir le calendrier électoral et de régler la question de la transition du pouvoir dans la période précédant l’élection, on entend cela comme une parole comminatoire.
Les observateurs ayant du jugement se rendent bien compte que dans le cafouillage politique actuel, le scrutin ne peut pas se tenir le 25 février prochain, c’est-à-dire dans une décade maintenant. La campagne électorale a-t-elle démarré officiellement avec le qui-vive régnant sur le terrain politique ? Non. Le matériel électoral est-il pré-positionné ? Non, puisqu’ il subsiste une indécision sur le nombre des candidats concourant au suffrage universel. L’idée d’une commission d’enquête parlementaire est dans l’air, après les accusations de corruption au Conseil constitutionnel. Pour toutes ces raisons – pour d’autres motifs aussi – les Sénégalais ainsi que la communauté internationale doivent se rendre à l’évidence : l’élection présidentielle ne peut plus se tenir à la date prévue. Elle n’est pas reportée sine die non plus. Sauf si le dialogue national à venir en disposait autrement, ce serait probablement en décembre prochain.
Logiquement il va falloir aussi reprendre toutes les étapes du processus électoral pour aboutir à une nouvelle liste des candidats entre lesquels les électeurs feront leurs choix.
C’est ternir l’image du Sénégal de donner l’impression que ce pays, réputé sérieux, est dans la mélasse à un point tel que le monde entier doit se porter à son chevet.
Lat Soukabé MBOW, universitaire