Un an après son investiture le 2 avril 2024, le président Bassirou Diomaye Faye fait face à un paysage économique contrasté. Entre progression sectorielle et inégalités persistantes, l’économie sénégalaise montre des signes de croissance, mais peine à répondre aux attentes sociales, selon Pr Amath NDiaye FASEG-UCAD
Une croissance limitée, freinée par la démographie
Malgré l’exploitation croissante des hydrocarbures, le PIB du pays affiche une progression modeste de 3,9 % sur l’année – une hausse largement portée par le secteur industriel (+8,5 %) grâce aux activités pétrolières. Pourtant, cette croissance ne parvient pas à suivre le rythme de la démographie galopante (+2,8 % par an), laissant le PIB par habitant stagner à +1,1 %. La création d’emplois reste insuffisante, alimentant pauvreté et chômage.
Les secteurs porteurs et leurs limites
Si certaines branches industrielles affichent des performances remarquables – textile (+58,6 %), activités extractives (+47,1 %), et métallurgie (+86,3 %) – d’autres secteurs clés rencontrent des difficultés. La pêche accuse une chute de -17,9 %, tandis que le BTP recule de -3,9 % et la fabrication de ciment de -14,4 %. L’économie peine à se diversifier et à réduire sa dépendance aux hydrocarbures.
Pression fiscale et dépenses publiques en hausse
Les recettes fiscales ont progressé de +12,7 %, mais cette augmentation s’accompagne d’une pression accrue sur les entreprises et les ménages. Parallèlement, les dépenses publiques ont bondi de 13,9 %, atteignant 4 871,7 milliards de FCFA à fin 2024, notamment sous l’effet de la hausse des charges de la dette (+44,5 %). Ce décalage creuse le déficit budgétaire et limite les marges de manœuvre de l’État.
Quels leviers pour une croissance inclusive ?
Face à ces défis, le gouvernement devra impulser une transformation structurelle :
Diversification économique : développer l’agriculture modernisée, les PME et le secteur informel.
Allégement fiscal ciblé : élargir l’assiette fiscale tout en stimulant l’investissement.
Soutien à l’entrepreneuriat : faciliter l’accès au crédit pour les jeunes et les femmes, notamment via les institutions de microfinance.
Vision 2050 : un cap à maintenir
Dans un contexte budgétaire contraint, la concrétisation des ambitions de la Vision 2050 repose sur des partenariats public-privé et une mobilisation efficace des ressources. Si des avancées sectorielles sont perceptibles, la consolidation d’une croissance inclusive demeure un enjeu majeur pour le président Diomaye. L’économie sénégalaise se trouve à un tournant : réformes structurelles et gouvernance efficiente seront déterminantes pour garantir un développement durable et équitable.
Emedia avec Pr Amath Ndiaye FASEG-UCAD