Invité du Jury du Dimanche sur iRadio et iTV, Seydi Gassama, directeur exécutif d’Amnesty International Sénégal, a reconnu des progrès notables dans le respect des droits et libertés, notamment en matière de liberté de manifester. Il a toutefois plaidé pour davantage de compromis entre autorités, acteurs politiques et société civile afin de garantir l’exercice effectif de ces droits.
Selon lui, les autorités administratives, notamment les préfets, tendent de plus en plus à encadrer les manifestations dès lors qu’elles sont légalement déclarées. Il cite comme exemple les difficultés rencontrées à Dakar, où la mise en service du Bus Rapid Transit (BRT) modifie la donne. « Le BRT traverse les principaux axes où l’on avait l’habitude de manifester, comme les boulevards Mamadou Dia et Bourguiba ou encore la place de la Nation, qui n’est plus adaptée. Le préfet estime qu’une manifestation en semaine pourrait bloquer la circulation entre Dakar et Guédiawaye. Sur ce point, nous sommes d’accord avec lui », a-t-il concédé.
Seydi Gassama appelle ainsi les partis politiques, syndicats et organisations de la société civile à faire preuve de souplesse et à rechercher des accords pour l’organisation des manifestations.
Sur la liberté d’expression, le militant des droits humains se montre plus préoccupé. Il déplore la fréquence des poursuites judiciaires pour diffamation ou diffusion de fausses nouvelles, souvent initiées par auto-saisine du procureur. « Le ministre de la Justice reste responsable de la politique pénale dans ce pays. En attendant des réformes pour mieux protéger les libertés démocratiques, il faut limiter ces poursuites aux cas de troubles graves à l’ordre public », estime-t-il.
Pour Seydi Gassama, la démocratie sénégalaise gagnerait à privilégier la protection des libertés fondamentales, tout en encourageant un climat de dialogue et de tolérance.
Emedia
Photo : Pape Doudou Diallo