Lors d’un point de presse tenu ce vendredi, Seydou Guèye, porte-parole de l’Alliance pour la République (APR), s’est exprimé sur l’actualité politique nationale, notamment le dialogue national prévu le 20 mai, les attaques contre l’ancien président Macky Sall, et les relations tendues entre l’opposition et le pouvoir actuel.
Il a rappelé que le dialogue politique figure depuis 2016 dans l’agenda de l’État, date à laquelle le président Macky Sall avait inscrit le 20 mai comme journée symbolique de concertation nationale. « Parce que l’APR comprend le sens et la portée du dialogue, et parce que notre leader en a été l’inspirateur historique, nous restons profondément attachés à l’idée d’un dialogue inclusif, ouvert, libre et centré sur les préoccupations majeures des Sénégalais », a-t-il souligné.
Parmi ces préoccupations, Seydou Guèye a évoqué la crise économique, la question du pouvoir d’achat, l’emploi des jeunes, la position du Sénégal sur la scène internationale, ainsi que les enjeux du monde rural.
Cependant, malgré cet attachement au principe du dialogue, l’APR refuse de participer au processus initié par le pouvoir actuel. Pour le porte-parole du parti, plusieurs raisons justifient ce retrait. Il dénonce en premier lieu les propos d’un membre du gouvernement ayant traité Macky Sall, ancien président de la République, de « chef de gang ». « C’est la première fois dans l’histoire politique du Sénégal qu’un président en exercice attaque publiquement son prédécesseur, qui lui a pourtant transmis le pouvoir de façon démocratique et pacifique », s’est-il indigné.
Seydou Guèye a également fustigé une « campagne de diabolisation » menée, selon lui, par le Premier ministre, des membres du gouvernement, des directeurs généraux et certains médias proches du pouvoir. Il dénonce des actes de harcèlement, d’intimidation, d’arrestations arbitraires visant d’anciens responsables du régime sortant, avec pour objectif de « décapiter l’APR ».
Le porte-parole de l’APR a aussi pointé du doigt la « répression » de l’opposition, citant notamment la mise à l’écart de la coalition Taku-Walu-Sénégal lors de la mise en place du bureau de l’Assemblée nationale, ainsi que la traque dont feraient l’objet certains chroniqueurs, activistes et consultants supposés proches de l’ancien régime. Il a dénoncé les « atteintes graves aux libertés démocratiques », comme les restrictions à la liberté d’opinion ou les interdictions de sortie du territoire « sans fondement légal ».
« Le dialogue ne peut être une simple rencontre de validation des dérives du pouvoir », a-t-il insisté. Selon lui, y participer dans ces conditions reviendrait à « cautionner les forfaitures passées, présentes et futures ».
Malgré cette décision de boycott, Seydou Guèye affirme que l’APR reste ouverte à toute initiative sincère visant la pacification de l’espace politique et la consolidation de la paix sociale. « Notre position ne remet pas en cause le droit des autres partis de l’opposition à participer à ce dialogue. La pluralité démocratique se nourrit des différences. C’est cela, la démocratie », a-t-il conclu.
Emedia
Photo : Pape Doudou Diallo