Au Sénégal, l’accès aux soins de santé mentale demeure un véritable luxe pour de nombreuses familles. La cherté des traitements et des médicaments reste le principal obstacle pour les malades et leurs proches. Malgré l’existence de quelques structures publiques et privées, les coûts des soins restent prohibitifs.
À l’Hôpital psychiatrique de Thiaroye, considéré comme l’une des options les plus abordables, les patients doivent dépenser plus de cinquante mille francs CFA tous les quinze jours pour leurs soins. Dans d’autres établissements, comme à Fann, à l’Hôpital Principal ou encore dans des cliniques privées à Thiès et Fatick, les tarifs grimpent encore plus haut, oscillant entre 300 000 et 600 000 francs CFA, voire davantage dans certains cas.
Mais le problème ne s’arrête pas aux frais de consultation. La cherté des médicaments, souvent en rupture de stock, constitue un autre frein majeur à l’accès aux soins. Cette situation est particulièrement critique à Dakar et dans les zones rurales, où l’approvisionnement est irrégulier.
Dans ce contexte, Ansoumana DIONE, Président de l’Association Sénégalaise pour le Suivi et l’Assistance aux Malades Mentaux (ASSAMM), souligne que faire soigner une personne atteinte de troubles mentaux au Sénégal relève de l’exceptionnel. « L’accès aux soins, au personnel qualifié et aux médicaments n’est pas un droit dans notre pays », déclare-t-il. DIONE exprime également son inquiétude face aux récentes discussions sur la révision de la loi 75-80 du 9 juillet 1975, menées par le Président Bassirou Diomaye FAYE et le Premier Ministre Ousmane SONKO. Selon lui, ces projets législatifs ne répondent en aucun cas aux véritables besoins des malades et de leurs familles, comme l’a démontré la position de l’ASSAMM.
Le Président de l’ASSAMM déplore l’abandon des personnes souffrant de troubles mentaux par les autorités sénégalaises, qui, selon lui, restent indifférentes à leur condition. Dans cette situation, l’association a pris l’initiative de créer le Centre Ansoumana DIONE à Kaolack, à Bouchra. Ce centre offre une prise en charge gratuite et une réinsertion sociale aux malades mentaux, permettant ainsi à de nombreux patients de retrouver leur santé mentale.
« Chez nous, la gratuité des soins est une réalité. Nous ouvrons nos portes à tous ceux qui ont besoin d’aide, et ce, sans distinction », précise Ansoumana DIONE. Il invite toute personne intéressée à visiter cette structure unique en son genre, non seulement au Sénégal, mais aussi en Afrique et dans le monde, pour constater l’impact positif de l’approche humanitaire et solidaire de l’ASSAMM.
Sekou Diallo