L’agence de notation S&P Global Ratings a abaissé vendredi la note souveraine à long terme en devises étrangères du Sénégal de « B- » à « CCC+ », invoquant la situation délicate de la dette du pays. S&P a également placé le Sénégal sous surveillance (« CreditWatch ») en développement, signalant un risque de nouvelles dégradations si le gouvernement ne parvient pas à refinancer ses échéances de dette commerciale à venir. La note à court terme en devises étrangères a été ramenée à « C », tandis que la note en monnaie locale a été confirmée à « B- », rapporte Investing.
Le Sénégal fait face à des besoins d’emprunt public élevés pour 2026, avec des besoins de financement brut atteignant 26 % du PIB selon les chiffres officiels, et jusqu’à 29 % selon les prévisions plus prudentes de S&P. La dette publique s’élevait à 119 % du PIB fin 2024, sans compter les arriérés budgétaires et les 9 % supplémentaires liés aux entités publiques, plaçant le pays parmi les plus endettés dans la catégorie spéculative.
La situation est aggravée par la suspension en octobre 2024 du programme du FMI de 1,8 milliard de dollars, suite à la découverte de dettes publiques largement sous-déclarées et de mauvaise gestion fiscale sous le gouvernement précédent. Des négociations pour un nouveau programme ont débuté en octobre 2025, avec un objectif de réduction du déficit à 3 % d’ici 2027. Le gouvernement a lancé le plan de relance économique « Jubbanti Koom » et introduit de nouvelles taxes sur le mobile money, les jeux en ligne, le tabac et l’alcool.
Malgré ces défis, l’économie sénégalaise reste dynamique, portée par la production du champ pétrolier de Sangomar et le lancement récent du projet gazier Greater Tortue Ahmeyim. La croissance du PIB au premier trimestre 2025 a atteint 12,1 %, avec une prévision de 6,8 % pour l’ensemble de l’année.
S&P note que le Sénégal a exécuté avec succès 70 % de son programme de financement 2025, principalement via le marché régional de la dette. Cependant, cette stratégie comporte des risques, car l’émission de titres régionaux est plus coûteuse, avec des rendements supérieurs à 7 % et des maturités plus courtes que les prêts concessionnels. L’agence indique qu’une amélioration de la note pourrait intervenir si le pays réussit à refinancer ses échéances et à consolider résolument ses finances publiques.
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