Son nom est inscrit dans les plus belles pages de la mode dans le monde. Surnommée la «reine du pagne tissé», Collé Sow Ardo, qui célèbre les 40 ans de sa marque du 25 novembre au 3 décembre prochains, a décidé de passer le flambeau à sa fille, Amina et à toute la jeune génération de créateurs.
C’est en 1983 qu’elle organise son premier défilé tout en assurant toute la chaine de production, du design aux finitions. Voilà 40 ans que la marque «La Maison Collé Sow Ardo» existe et a fait les beaux jours de la mode sénégalaise, voire africaine. Mannequin, puis élève à l’Institut de coupe et de la haute couture de Paris où elle obtient son diplôme en 1979, Collé Ardo Sow célèbre le 40e anniversaire de sa marque. Celle qui est, d’après elle, plus qu’une «simple entreprise», mais qui représente un «héritage», «une source de fierté et d’accomplissement» avec une équipe composée de femmes et d’hommes «talentueux». L’évènement est prévu du 25 novembre au 3 décembre prochains à Dakar avec comme pays invité d’honneur la Côte d’Ivoire.
Face à la presse mardi, un somptueux cadre à l’espace Valy Skhir, «Maman Collé», comme on l’appelle affectueusement, a déclaré : «40 ans, c’est une vie, c’est beaucoup. Je suis avec les jeunes créateurs qui vont prendre la relève pour dire qu’on doit se mettre ensemble et travailler.»
La directrice des Arts, Khoudia Diagne, et le représentant de la ville de Dakar ont fait un plaidoyer fort pour une industrie culturelle. Car d’après Mme Diagne, la mode au Sénégal, en Afrique, est vierge. «Nous avons de grands noms, mais on ne vend pas assez le modèle, parce que pour vendre, il faut exporter ses modèles. On a beaucoup de créativité, de la qualité, au Sénégal et en Afrique. Mais on n’a pas d’industrie», tonne-t- elle. Et Collé Ardo Sow estime que c’est possible avec les budgets du Sénégal. Mais, regrette-t- elle, «la mode est oubliée». «Cela me fait très mal quand je parle toujours de la Covid-19. Il y a eu des gens qui ont plus d’un milliard de FCFA, mais la mode a eu 25 millions FCFA. C’était pour faire des masques, ça m’a fait très mal. J’ai dit non je ne vais pas le prendre, j’ai préféré faire des masques, 3000, que j’ai offerts gratuitement», se souvient l’initiatrice de «Sira Vision». Avant de préciser : «Je le dis pour qu’on rectifie mais pas pour jeter de l’huile sur le feu ou me lamenter.»
«J’ai voulu arrêter après la mort de mon fils dans un accident»
Cependant, Collé Ardo Sow a insisté sur la formation des jeunes créateurs, soulignant qu’il n’y a plus de 40 métiers dans la mode. «Si on forme les jeunes par rapport à cela, on peut ouvrir des unités de confection», suggère-t- elle. Avant de noter que sa réussite dans ce métier se résume à trois points, à savoir : la volonté, le destin et l’amour de son travail. «Je suis née dans la mode grâce à ma mère avais
une machine ma tante faisais de la couture» déclare avec fierté la native de Diourbel. En effet, revenant sur le break de son dernier défilé de mode «Sira vision» (Salon international de la représentation africaine) en 2013, elle explique : «J’ai voulu arrêter définitivement après la perte de mon fils par accident de moto. Mais grâce à des dames comme la styliste et couturière Louise Turpin (son aînée) qui m’ont tirée, j’ai su résister. Elles m’ont dit : ‘’Vous n’avez pas le droit d’arrêter. Vous avez perdu un fils, mais vous avez mille fils autour de vous’’», rapporte-t-elle d’une voix étreinte d’émotion, avant d’être encouragée par les ovations de l’assistance.
Elle passe le témoin à sa fille, Amina
Seulement, l’habilleuse des «Lions» du Sénégal ne quitte pas mais place cet évènement sous le sceau de la transmission, puisqu’elle passe le témoin à sa fille Amina qui est aussi dans le milieu. «Dans la mode, j’ai toujours eu de bons moments, c’est de créer et de sortir des modèles, faire des défilés… Depuis 40 ans, j’ai essayé de faire de mon mieux pour faire plaisir aux clients», indique celle qui a été surnommée par Moise Ambroise Gomis «La reine du pagne tissé».
Adama Aidara KANTÉ