L’avenir politique de Amadou Ba est lié à celui de l’Apr. Macky Sall, qui reste encore le président de son parti, va-t-il lui confier son parti déchiré après le choix du candidat ? Les prochaines échéances électorales seront déterminantes.
Il a été sans nul doute le candidat qui a bénéficié du bout des lèvres du sou- tien de ses camarades. Là où les alliés se battaient et essayaient de convaincre les électeurs de voter pour lui, Amadou Ba recevait des crocs-en-jambe des responsables les plus en vue de l’Apr, qui passaient tout leur temps à le dénigrer et contrecarrer le projet de faire de lui, le 5ème président de la République du Sénégal. Alors que Macky Sall s’apprête à partir, le débat sur sa succession à la tête de l’Alliance pour la République se pose déjà. Maintenant que la défaite est consommée, que Bassirou Diomaye Faye est élu. Même s’il a concédé une défaite au premier tour, son score qui avoisinerait les 32% est un argument de taille pour le légitimer dans cette bataille âpre qui s’annonce dans les prochaines semaines. Car, il faut bien quelqu’un pour tenir le parti. Mais, le chef de l’Etat, maitre de son parti qui l’a réinvesti au King Fahd, est encore aux manettes. En tant que président de l’Apr, il aura, même depuis le Maroc où il a déposé ses valises, la télécommande. Il mettra qui il veut et zappera qui il veut.
Mais n’ayant plus le privilège du décret de nomination, Macky Sall pourrait se heurter à une résistance qui mettra son parti en lambeaux. D’autant plus que le choix de Amadou Ba, alors même qu’il lui restait encore ses prérogatives, a été entaché de contestations, de départs. L’Apr, déchirée depuis la renonciation de son leader à un 3e mandat, vit donc des heures sombres. Et les conséquences de la fin du régime ne seraient pas loin, sinon meilleures que celles vécues par le Parti démocratique sénégalais (Pds). Abdoulaye Wade s’est vite confronté à une guerre entre ses lieutenants après sa chute en 2012. Pape Diop, par exemple, qui n’était pas convaincu de ses choix, s’était démarqué en créant son Bokk gis gis avec les Thierno Lo et Cie.
Au profit de Oumar Sarr et d’autres. Mais après les Législatives de juillet 2012, le parti libéral a éclaté en 1000 morceaux. C’est justement les prochaines Législatives sans doute à la faveur d’une dissolution de l’Assemblée nationale par le Président Diomaye Faye que l’Apr vivra son premier test.
La crainte de tendances au chez les beige-marron est d’autant plus inquiétante que son patron n’a jamais souhaité le structurer à la base. Et c’est là le premier problème pour la succession ou l’unité. L’avenir de l’Apr est d’ailleurs lié à celui de Amadou Ba. Il est évident que personne ne cracherait sur un appareil déjà existant et éprouvé, qui plus est a dirigé un pays pendant 12 ans. Mais s’il n’est pas le choix de Macky Sall pour gérer le parti ou le conduire aux prochaines échéances électorales, le candidat Benno bokk yaakaar ne baissera pas les bras. Il sera condamné à voler de ses propres ailes. S’il n’y a pas du plomb.
Malick SY