Mamadou Thior, Journaliste et président du Cored (Conseil pour l’Observation des Régles d’Éthique et de Déontologie dans les médias au Sénégal) était l’invité du Jury du Dimanche sur les ondes de la 90.3 Iradio. Une occasion pour lui de revenir sur les convocations des directeurs de publication de « La Tribune » et du « Quotidien » suite à un article sur la nomination du Général Kandé comme « attaché de défense et de sécurité » à New Delhi.
« Dans un passé récent, pour moins que ça, on retenait les gens et c’était le mandat de dépôt automatique. Il faut le dire, dans les dernières années du président Macky Sall, aujourd’hui, on convoque un journaliste, on l’entend, on le libère. On ne peut pas se réjouir qu’on continue à convoquer des journalistes. Parce qu’on aurait pu en faire l’économie. Mais, est-ce qu’ils ont bien fait le travail ? », s’interroge-t-il. Avant de répondre : « Oui, quelque part, on peut dire qu’il y avait quand même des précautions à prendre que ces gens-là n’ont pas prises. Parce que quand on est un directeur de publication, à ce niveau de responsabilité, les questions militaires, on ne dit pas que c’est des questions taboues, mais il faut vraiment en parler avec l’expertise nécessaire. Et nous ne sommes pas des experts en tant que journalistes, mais nous pouvons aller chercher les gens qui s’y connaissent. Ils peuvent nous édifier. Mais quand vous voulez en parler avec légèreté, vous pouvez tomber tout de suite dans le panneau. Et comme ce sont des questions sensibles, il faut savoir la ligne rouge à ne pas franchir. À beau vouloir donner des informations, il faut savoir que les questions militaires, il faut vraiment que ce soit béton pour en parler ».
Pour étayer ses propos, le président du Cored rappelle : « parce que ce n’est pas pour rien quand vous regardez notre code de la presse, l’article 5, quand on parle de secret défense, de secret de l’instruction. On vous trace des lignes rouges quand vous parlez de certaines questions. (…) Pour dire que les journalistes, qu’ils soient sénégalais ou d’autres pays, ne sont pas au-dessus des lois. Du tout. Et on nous a fait ce reproche quand il s’agit de défendre la dépénalisation des délits de presse. Vous savez, c’est ça qui a fait même durer notre code de la presse. Le texte a été déposé à l’Assemblée nationale en 2010. C’était du temps du Président Wade. Et pendant deux ans, parce qu’il est parti en 2012, c’est depuis qu’on dit, non, il n’y a pas de question parce que vous, les journalistes, les professionnels des médias de manière générale, vous n’êtes pas au-dessus des lois. Malheureusement, on n’a pas bien communiqué parce qu’on ne leur a pas expliqué où on voulait en venir avec la dépénalisation ». C’est sur ces entrefaites que Thior a expliqué : « Ici au Sénégal, nous avons le Cored. Donc, dès l’instant où on a un cadre pour sanctionner des journalistes, il est superfétatoire quand même de vouloir penser que la prison peut régler le problème.
Cheikh Moussa SARR et Pape Doudou DIALLO (Photo)