Les relations de plusieurs politiques européens avec le Qatar posent des interrogations de plus en plus sérieuses. Selon Pierre Martinet, ancien de la DGSE, la dépendance de certains dirigeants à l’argent qatari va jusqu’à faire oublier des notions fondamentales de notre république.
Paulo Casaca, lui, a été député européen il y a une quinzaine d’années : déjà à l’époque, il le confie, l’émergence du Qatar dans l’appareil politique de l’Union européenne commençait à peser. Aujourd’hui, la situation est très alarmante. Alors que la France connaît par exemple de graves contraintes budgétaires, bien des dirigeants qataris jouissent de faveurs fiscales dont la compréhension de la légitimité semble compliquée. C’est le cas en particulier concernant les clubs de foot et ceux qui sont à leurs têtes.
Proximité entre le Qatar et des organisations terroristes
Pierre Martinet ose même aller jusqu’à s’interroger sur d’évidentes proximités entre le Qatar et le Hamas. Selon lui, malgré son soutien à Israël, il y a des choses que la France préfère parfois ne pas voir : la relation régulièrement ambiguë à ce sujet entre le Qatar et l’Iran, ou encore entre le Qatar et les organisations terroristes qui sont derrière le massacre du 7 octobre.
Pour l’ancien agent secret, tout ceci révèle une situation opaque. Il parle d’une islamisation forcée de la société : “il s’agit de la volonté d’une minorité”, à laquelle les dirigeants européens n’osent pas s’attaquer. En cause, des “trains de vie” allègrement favorisés par l’argent qatari.
Le Premier ministre a déclaré : “La France n’abandonne jamais ses ressortissants”
Pourtant, le cas de Tayeb Benabderrahmane a de quoi surprendre. Cet homme d’affaires franco-algérien a été condamné à mort au Qatar par contumace, après de multiples persécutions. Bien que plusieurs médias se soient emparés de l’affaire, l’omerta est totale – quasi-contrainte – en France. T. Benabderrahmane a même été fuit par Rachida Dati avec laquelle il entretenait des rapports professionnels réguliers. Pour rappel, L’Obs consacrait sa une en mars dernier à la ministre de la Culture et à plusieurs centaines de milliers d’euros que celle-ci aurait encaissé en provenance du Qatar.
Luke Vidal, avocat à Paris (16e), est clair sur l’indépendance de la justice française : “La justice est fiable et indépendante, elle fait ce qu’elle peut, c’est plus haut qu’il y a des blocages”.
Pierre Martinet précise qu’il s’agit là d’une situation inédite, qui ne se produirait pas avec un autre pays. Il ajoute que le Premier ministre français a encore rappelé hier que la France n’abandonne jamais ses ressortissants.