Beaucoup l’auraient supplié qu’il emporte ses secrets dans sa tombe. Mais Robert Bourgi, qui a le sacré privilège de fréquenter les bonnes et mauvaises personnes, assisté aux scènes irréalistes et inédites entre politiques, vendre son génie de lobbyiste, est le genre à partager des anecdotes. Hommes politiques africains, français et du monde sont passés par lui, le «fils de Jacques Foccart», pour régler leurs «problèmes». Dans «Ils savent que je sais tout : Ma vie en Françafrique», son livre-mémoire, livre-entretien à paraitre aux éditions Max Milo, Robert Bourgi raconte sa vie au journaliste Frédéric Lejeal. Entre les dollars de Blaise Compaoré à Chirac cachés dans des djembés, et ouverts dans la cour de l’Elysée, le milliard de FCFA de Omar Bongo à Abdoulaye Wade pour sa candidature en 2007 par l’intermédiaire de Karim ou encore Wade qui a remis une mallette contenant 1 million de dollars dans le bureau du secrétaire général de l’Elysée, en avril 2002 pour la campagne de Chirac…, la Françafrique a fait ses beaux jours. Il a réservé des «bonnes feuilles» de son livre à Emedia. Radio Bourgi a parlé.
Comment voyiez-vous la tentative inédite d’Abdoulaye Wade de rempiler pour un troisième mandat en 2012 ?
Il était sûr et certain de passer dès le premier tour. J’ai fait en sorte de faire recevoir Karim par Nicolas Sarkozy lequel, comme j’ai pu le dire, l’a mis en garde sur l’erreur fatale que cette candidature aurait sur l’image de son père. Mais il n’en démordait pas, persuadé que son père ferait un troisième tour de manège sans anicroches. On connait la suite…
Tentative qui marque votre rupture avec le camp Wade.
Nous nous sommes brouillés à cette période, l’année 2011. Je ne cessais de répéter à Karim que son père devait éviter de livrer le combat de trop.
Abdoulaye Wade jouant à un jeu dangereux, vous vous rapprochez de Macky Sall.
Dans l’instant où il fut en délicatesse avec le Président Wade. Il s’était retiré dans sa maison, après avoir été démis du perchoir de la présidence de l’Assemblée nationale, et lorsqu’il a commencé à tisser sa toile en très bonne intelligence pour emporter le pouvoir suprême en 2012. Lors d’un déplacement au Sénégal, je me trouvais, comme d’habitude, dans une voiture de la présidence, et suis allé lui rendre visite. Il n’avait plus aucune fonction. Le chauffeur a rapporté cette visite en haut lieu. Abdoulaye Wade m’a passé un savon mémorable le soir même. «De deux choses l’une : soit tu es avec moi, soit tu ne l’es pas !». En conséquence, j’ai pris mes distances. Macky Sall m’avait par ailleurs été présenté par l’excellent Pascal Drouhaud, ex-responsable des relations internationales du Rpr, mais aussi, il faut le savoir, ami personnel et de longue date du futur président sénégalais. Je prenais toujours un grand plaisir à échanger avec lui.
À suivre
Emedia.sn