Il est un musicien né à Louga. Youssou Mbaye alias Youssou Bongo fait partie de ces étoiles qui ont brillé pendant cette élection présidentielle pour avoir chanté Sonko et Diomaye. Pourtant, l’artiste orienté vers le zikr est un thiantacoune 100%.
Pourquoi le choix de cette musique zikr ?
Le zikr, je peux dire que c’est ma vie, car cela fait plus de 7 ans que je suis sur la scène musicale. Tous mes grands-parents sont de grands hommes religieux. Lorsque je suis revenu du «daara», mon marabout, feu Serigne Saliou m’a mis en rapport avec Cheikh Béthio Thioune. D’ailleurs, mon premier single est intitulé «Mission bi» pour lui rendre un vibrant hommage. Et c’est grâce à ce morceau que les gens m’ont connu, car il a fait le tour du monde, les foyers religieux l’ont bien accueilli. Donc, la musique zikr est un choix délibéré, puisque le monde peut l’écouter parce que les textes sont riches et recherchés. C’est une musique consommable sans danger.
Vous êtes issu d’une famille de chanteurs religieux. Est-ce que c’est cela qui explique votre facilité à chanter ?
Dans ma famille, il y a d’excellents musiciens qui évoluent même dans d’autres registres. La grande cantatrice de Sorano, Adja Daro Mbaye est une tante. J’ai de grands parents qui ne chantaient que les louanges des héros. Mais la musique zikr est mon dada et je ne regrette pas d’avoir embrassé ce genre musical, car je gagne bien ma vie. Je rassure les personnes qui souhaitent embrasser cette musique, elle a de l’avenir.
Donc, pensez-vous que cette musique peut s’exporter facilement ?
Bien sûr, sans l’ombre d’un doute. Récemment, lors d’un festival international à Louga, il y avait plus de 5 pays dont la France et l’Allemagne. Après ma prestation, les Blancs étaient séduits par ce genre musical, surtout avec les instruments comme, le xiin, la kora.
Comment voyez-vous la musique sénégalaise ?
Chacun dans son domaine fait de son mieux pour représenter le Sénégal, hors des frontières. Mais à la différence des autres, c’est presque le même thème. On chante toujours l’amour, c’est bien mais il y a d’autres thématiques. Alors que la musique zikr c’est des thèmes approfondis que le monde peut écouter. Il faut créer une rupture dans la musique. (Rires)
Vous avez beaucoup de singles sur le marché. A quand un album ?
Non, ce n’est pas un problème de moyens. Dans la musique, il faut être patient et endurant pour servir un bon produit. Moi, je suis disciple de Serigne Saliou et de Cheikh Bethio Thioune. Donc, on ne peut pas chanter n’importe quoi ou se précipiter, car je ne chante pas pour avoir juste un nom et mourir demain ou faire des chansons kleenex, mais pour une carrière.
Quels ont été vos rapports avec Cheikh Béthio Thioune ?
Que Dieu ait pitié de son âme ! C’est grâce à lui que nous sommes devenus des Thiantacoune. Nous étions au «Daara» de Serigne Saliou, après avoir terminé, il nous a mis en rapport avec Cheikh Béthio Thioune. Et, ce qu’il nous a appris, c’est l’humilité, le travail bien fait, le partage. Et c’est lui qui nous a appris à chanter car nous étions avec lui dans les thiants pour assurer les chœurs. Donc, c’était des relations très profondes, mieux, c’est lui qui m’avait surnommé Ousmane Bongo.
Justement, pourquoi avez-vous arrêté le bongo ?
Dieu a fait que nous explorons d’autres pistes. Je suis toujours dans la recherche concernant la musique. Mais je garde mon bongo comme souvenir car c’est grâce à cet instrument et avec ma voix que les gens m’ont connu. Autre chose, l’utilisation du bongo est dévoyée de son sens, bon nombre de personnes ne respectent pas les bongomen, alors que cet instrument c’est de l’art.
A un moment, vous avez cartonné avec les thiants. Pourquoi avez-vous quitté ce pays pour vous installer en Gambie ?
Je suis casanier. Mais j’aime beaucoup découvrir pour apprendre d’autres univers, d’autres sonorités. J’adore la musique mandingue, j’ai choisi la Gambie. J’ai beaucoup appris avec le maestro Dialiba Kouyaté, un excellent musicien et chanteur.
Donc, c’est ça qui explique la reprise d’un de ses titres phares «Moussa Diba» pour chanter Sonko et Diomaye Diakhar Faye ? Est-ce que vous faites de la politique ?
Je ne fais pas de la politique.
Alors, pourquoi vous avez-vous chanté le tandem Sonko-Diomaye qui cartonne ?
Je ne connais pas Ousmane Sonko ni Diomaye. Je ne l’ai jamais vu, où peut-être une seule fois. Mais j’apprécie Ousmane Sonko pour son discours de vérité et la manière dont il a démocratisé la parole politique, tout un chacun peut donner son avis. Parce qu’on nous avait habitués à considérer la chose politique comme domaine uniquement réservé à une élite. Nous sommes des «Ndongos daara» et on gagne bien notre vie. C’est grâce à son discours de vérité que je voue cette estime à Ousmane Sonko. Personne ne peut plus nous tromper en politique. Quand je chantais ce morceau, tous les deux étaient en prison. C’est moi qui ai écrit le texte, mais le son original c’est de Dialiba Kouyaté qui est un maître pour moi. Je m’inspire beaucoup de lui. Nous avions même fait un duo qui a cartonné.
Mais après la chanson, est-ce que vous êtes rentré ?
(Rires). Non, pas encore. Mais Alhamdoulillah. Moi-même je suis surpris de la réussite de cette chanson «Jalal ak Jamal» qui a fait le tour du monde. Cela me suffit ! Pour dire vrai, je n’attendais rien du tout, ni une quelque rencontre ni une récompense venant du président de la République, Bassirou Diomaye Faye, et de son Premier ministre, Ousmane Sonko.
Est-ce que ce n’est pas parce que les thiants ne marchent plus que vous avez chanté Sonko et Diomaye ?
(Rires). Non, je suis toujours mon art. Mais, ce que j’ai fait, je l’ai fait pour le Sénégal. Car je suis un patriote qui aime son pays. Donc, si je vois une personne qui incarne les valeurs, la probité, la vérité, je ne peux que la saluer et lui rendre hommage à travers mon art. Du coup, je n’ai que ma voix. Dieu merci, partout où je passe, des personnes me couvrent de présents, mais surtout les prières qui me vont droit au cœur. Mais, encore une fois, je n’ai pas composé cette chanson pour Ousmane Sonko ou président Bassirou Diomaye Faye. Mais c’était juste notre participation face à l’injustice infligée à Sonko et ses proches. Nous ne comptons que sur notre talent, nous avons un métier, Dieu merci, on se plaint pas.
Donc, vous ne faites pas partie des gens qui sont adeptes du «tog mouy dokh».
«Yalla téré» ! Parce que les gens qui nous dirigent nous invitent à travailler et non à adopter la posture de la facilité.
Est-ce à dire que vous avez confiance en ce régime ?
Ah oui ! Ce que je demande aux Sénégalais, c’est d’être patients. Il faut s’armer de courage et accompagner ce régime.
Êtes-vous polygame ?
Il lève un doigt. Pour le moment, je n’ai qu’une seule femme.
Vous envisagez de suivre le président Diomaye et son Pm Sonko aussi dans la polygamie… comme votre barbe fournie ?
(Eclats de rire). Pour le moment je n’ai qu’une seule épouse. Pour la barbe, c’est mon style. Notre président en a une. «Na nieupp am barbes» (Rires).
Adama Aïdara KANTE