
La coupe illégale de bois et le trafic de drogue demeurent parmi les infractions sous-jacentes au blanchiment de capitaux les plus préoccupantes dans la région de Ziguinchor, a déclaré lundi le commissaire principal de police Mandjibou Lèye, directeur des enquêtes à la Cellule nationale de traitement des informations financières (CENTIF). Malgré un risque national jugé moyen en matière de blanchiment et faible pour le financement du terrorisme et de la prolifération, ces activités illicites persistent dans le sud du pays et exigent une vigilance renforcée, a-t-il souligné lors d’une mission de sensibilisation menée dans le cadre de la campagne nationale de la CENTIF.
La rencontre, présidée par le gouverneur Mor Talla Tine, a réuni des acteurs de développement, des autorités administratives, des élus territoriaux et des membres de la société civile. Mandjibou Lèye a salué le travail quotidien des forces de défense et de sécurité, notamment le démantèlement régulier de champs de cannabis et les opérations menées contre l’exploitation forestière illégale. Il a également rappelé la distinction entre financement du terrorisme et actes terroristes, précisant que la CENTIF intervient principalement sur le volet financier et préventif.
La proximité de Ziguinchor avec la Gambie et la Guinée-Bissau impose un renforcement constant de la vigilance, en particulier face aux risques liés à la prolifération des armes. Ces préoccupations sont intégrées au dispositif régional de sécurité coordonné par le gouverneur et examinées lors des réunions mensuelles consacrées à la sécurité.
Le commissaire Lèye a par ailleurs encouragé les populations à adopter la culture bancaire, déplorant le faible taux de bancarisation malgré l’essor du mobile money. Présentant le bilan 2024, il a relevé une forte hausse des déclarations de transactions en espèces, passées de 16 993 410 en 2023 à 42 737 186 en 2024, soit une augmentation de plus de 151 %. La CENTIF a aussi reçu 2 172 informations sectorielles, en hausse de 40 %, et transmis 46 rapports au pôle judiciaire financier.
Sur le plan international, dix demandes d’information ont été émises et douze reçues, tandis que le nombre de communications spontanées est passé de six à une seule. Mandjibou Lèye a enfin cité une typologie emblématique : celle d’un organisme à but non lucratif dénommé « ALPHA », suspecté en 2021 de financement du terrorisme après avoir reçu plus de 1,17 milliard de francs CFA d’un partenaire basé au Qatar. Ce cas illustre, selon lui, la nécessité d’une vigilance accrue envers les organisations manipulant des flux financiers importants ou entretenant des partenariats internationaux.
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