La tension monte dans la filière porcine de Ziguinchor, où les vols de porcs se multiplient ces derniers mois, plongeant éleveurs et charcutiers dans une profonde inquiétude. Excédés, ces derniers ont décidé de hausser le ton et d’interpeller les autorités pour exiger des mesures concrètes face à une situation qu’ils jugent désormais « insoutenable ».
Dans un communiqué publié ce lundi soir, l’Association des Éleveurs de Porcs et Charcutiers, en collaboration avec la Coopérative départementale, dénonce la persistance de ces actes criminels qui menacent directement la survie de leurs activités. « Les vols de porc compromettent non seulement la viabilité économique de nos fermes et porcheries, mais portent aussi un coup dur à la qualité de vie des éleveurs victimes », lit-on dans le texte signé par Olga Senghor Kayounga, Nina Manga et Léopold Sambou, responsables régionaux et départementaux de la filière.
Le malaise s’est accentué après un incident survenu il y a deux mois, lorsque des voleurs pris en flagrant délit dans l’enceinte même de l’Inspection régionale de l’Élevage ont été remis à la police… avant d’être relâchés 48 heures plus tard, sans suite judiciaire. Une décision qui a suscité colère et incompréhension parmi les éleveurs, qui y voient un manque flagrant de volonté de l’État à protéger leurs intérêts.
À Lyndiane, quartier populaire de la commune de Ziguinchor, la frustration a récemment franchi un seuil critique. Un présumé voleur a été violemment passé à tabac par des riverains excédés. Bien que les responsables d’organisations d’éleveurs condamnent ces actes de violence, ils estiment qu’ils traduisent un « profond sentiment de dépit et d’abandon » dans une communauté qui ne sait plus vers qui se tourner.
Face à ce climat tendu, les acteurs de la filière formulent trois revendications majeures : un renforcement significatif de la sécurité et une meilleure collaboration avec les forces de l’ordre, une intensification des actions de sensibilisation auprès des éleveurs pour améliorer la sécurité de leurs exploitations, et enfin, un durcissement de la législation contre le vol de bétail. Sur ce dernier point, ils rappellent les engagements pris par les autorités lors de la dernière Journée nationale de l’élevage à Kaolack.
Les éleveurs de porcs préviennent : l’enjeu dépasse de simples pertes économiques. C’est toute une chaîne qui est menacée – de la production à la transformation en passant par la consommation. La filière porcine joue un rôle clé dans l’économie régionale et l’approvisionnement alimentaire de la Casamance. Sa fragilisation pourrait provoquer un effet domino aux conséquences sociales et économiques désastreuses.
Déterminés à faire entendre leur voix, Olga Senghor Kayounga, Nina Manga et Léopold Sambou affirment être prêts à travailler avec les autorités et l’ensemble des acteurs du secteur pour mettre fin à cette spirale de l’insécurité qui gangrène la filière.
Emedia