
Une nouvelle page s’ouvre pour la réadaptation physique des victimes de mines antipersonnel au Sénégal, notamment à Ziguinchor, où une initiative ambitieuse vient d’être mise en œuvre. Grâce à un partenariat entre l’Association sénégalaise des victimes de mines (ISAD-ASVM) et l’organisation suisse Swiss Ability, une vingtaine de techniciens orthoprothésistes ont été formés à une technologie innovante de fabrication de prothèses. L’objectif est clair : renforcer l’expertise locale pour offrir aux amputés des dispositifs médicaux modernes, légers, durables et à moindre coût, tout en réduisant leur dépendance aux équipements importés.
La formation, qui s’est déroulée au Centre de Réadaptation Physique de Boutoute, a permis d’introduire des techniques avancées adaptées aux réalités locales. Les participants venaient de différentes régions du Sénégal, mais aussi de Guinée-Bissau, reflétant la portée sous-régionale de cette initiative. Le transfert de compétences s’inscrit dans une dynamique de développement durable de l’offre de soins, avec une volonté affirmée de faire du centre de Ziguinchor une référence en Afrique de l’Ouest.
Sarany Diatta, président de l’ISAD-ASVM, a salué cette formation comme une étape décisive dans l’amélioration des conditions de vie des victimes de mines. Il a rappelé que l’ambition n’est pas seulement de former des techniciens, mais aussi de permettre un accompagnement de proximité. Dans ce sens, Swiss Ability a également offert un véhicule utilitaire au centre, facilitant ainsi le déploiement des services dans les zones rurales difficilement accessibles. Pour Sarany Diatta, ce moyen logistique est essentiel pour toucher les patients les plus isolés, souvent incapables de se rendre dans les centres de santé en raison de leur handicap.
Présent à la cérémonie de remise des diplômes, le docteur Youssoupha Tine, directeur régional de la santé, a souligné l’importance de cette initiative qui s’aligne avec les priorités nationales en matière de santé. Il a mis en avant l’impact social de cette formation et la dimension humaine de l’action de Swiss Ability. Selon lui, l’introduction de la technologie monolimbre constitue une avancée qui propulse la région à l’avant-garde dans le domaine de l’orthopédie, tout en réduisant significativement les coûts de fabrication.
Cette dynamique de coopération Sud-Nord, basée sur le partage d’expertise et la solidarité, est perçue comme un modèle à renforcer. Le docteur Youssoupha Tine a également salué l’engagement des autorités territoriales, des partenaires techniques et de la société civile, qui ensemble ont contribué à la réussite de cette initiative. Il a appelé à la création d’un réseau régional d’expertise en réadaptation, à la formation continue des techniciens, et à la mise en place de mécanismes de financement pour assurer la pérennité du programme.
Seydou Nourou Thiam, directeur régional de l’action sociale, a, quant à lui, exprimé sa profonde reconnaissance à l’endroit des bénéficiaires de la formation pour leur engagement et leur volonté d’apprendre. Il a insisté sur le fait que les certificats remis symbolisent plus que des acquis techniques : ils représentent une responsabilité envers les personnes vulnérables. Selon lui, le véhicule offert au centre de Boutoute incarne un tournant dans l’approche communautaire de la réadaptation, en permettant un accès plus équitable aux soins.
Le Centre National d’Action Anti-Mines du Sénégal, également présent, a réaffirmé son soutien à ce type de projet, convaincu que chaque prothèse fabriquée localement contribue à redonner autonomie, dignité et espoir à ceux qui en bénéficient. La cérémonie, chargée d’émotion et de reconnaissance, marque ainsi un tournant décisif dans la prise en charge des personnes amputées et ouvre la voie à une réinsertion sociale plus inclusive et durable.








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