Le khalife général des mourides ne badine pas avec les interdits en cours dans la cité religieuse de Touba. À en croire Bès Bi Le Jour, il a invité les forces de défense et de sécurité à assister les Baye Fall dans la tâche qui leur est dévolue.
Le 10 juin dernier, Serigne Mountakha Bassirou Mbacké recevait une délégation des Baye Fall. Ce jour, le patriarche de Darou Minam, après les événements malheureux que la cité religieuse avait connus des jours auparavant, leur confiait la mission de sécuriser davantage la ville. Le khalife général des mourides prenait aussi la décision d’interdire, à Touba, toute activité ou manifestation politique. Après une évaluation des missions confiées aux Baye Fall, Serigne Mountakha a demandé aux forces de défense et de sécurité d’assister ces derniers. La politique et le football sont désormais formellement interdits dans la cité religieuse. De même, il avait décidé que le vote ne se fera plus à Touba, mais à Mbacké.
Il y a quelques mois, le khalife rappelait que le choix de confier la sécurité de Touba aux disciples de Mame Cheikh Ibrahima Fall s’explique par le fait qu’il a été le premier à sécuriser la confrérie. « Ce qui nous fait le plus mal encore, ce sont les activités politiques dans la ville. Or, c’est ce que nous n’aimons pas voir ici. Ils peuvent aller ailleurs pour le faire », avait-il dit. Ces directives du khalife étaient assorties de conditions. « Tout doit se faire dans la paix. Quand nous disons cela, tout le monde doit l’entendre et le croire. Serigne Touba a accompli un énorme travail et Dieu lui a fait rencontrer de méchants ennemis. Il s’en est sorti et est revenu dans la ville sans qu’aucune goutte de sang n’ait été versée. C’est comme ça que le travail doit se faire. C’est l’héritage de Serigne Touba. Tout ce qui doit se passer le sera dans le respect de la loi. Ce qui m’importe le plus, c’est la cessation des activités politiques et je suis heureux de cette rencontre », avait déclaré le guide des mourides.
Les Baye Fall avaient alors commencé à appliquer à la lettre les directives mais, il y a eu des incompréhensions. Les méthodes qu’ils utilisaient étaient aux antipodes de ce qui doit se faire en matière de sécurisation des personnes et des biens. D’ailleurs, le 14 octobre dernier, des heurts entre Baye Fall et des talibés de Serigne Diéry Samba Sougou à Touba ont été violents. Et sans doute c’est un précédent qui a alerté le khalife.
INTERDITS DE TOUBA EN 1980
La lettre de Serigne Abdou Lahat au procureur de Diourbel
C’est en 1980 que Serigne Abdoul Ahad Mbacké, alors khalife général des mourides, avait adressé une lettre au procureur de la République du tribunal de Diourbel pour la « répression systématique de certaines pratiques dans la ville sainte. Entre autres, il y avait « l’ivresse, la vente et la consommation d’alcool, de tabac, de drogue, notamment le yamba, des jeux de hasard, de loterie, des vols et recels, des tams-tams, la musique, la danse et les manifestations folkloriques, le cinéma, le football et le port du pantalon ».
Malick SY