En mai 2022, un triste évènement a fait la Une des journaux : La mort de 11 nouveau-nés dans un incendie à l’hôpital de Tivaouane. Cause du drame ? Un court-circuit. Ce terme est maintes fois mentionné sans être expliqué. Sachant que plusieurs incendies sont causés par ce phénomène, il aurait été utile de s’y attarder davantage pour une sensibilisation salvatrice. Une bougie oubliée ou un briquet exposé, … Ce sont là quelques causes d’incendies évitables avec de la vigilance. Mais qu’en est-il des incendies liés à l’électricité ? Une éducation spécifique est nécessaire pour les prévenir ou y faire face efficacement. L’électricité est devenue presque aussi indispensable que l’eau et l’air. Pourtant cette belle invention peut se révéler meurtrière d’où l’importance de mieux la connaitre. Bés bi a pris prétexte du 10e Congrès de la Société panafricaine en pathologie brûlure (Pabs) avec pour thème principal «Prise en charge des brûlés graves en Afrique : problématique, enjeux et perspectives», prévu à Dakar du 8 au 11 novembre, pour se pencher sur la prévention et à la gestion des incendies. Des experts partagent de précieuses précautions et gestes salvateurs à adopter. Mais aussi les réactions appropriées face à un incendie, des erreurs dramatiques à éviter, des signes qui devraient alerter, etc. Pleins feux sur le feu.
Prise en charge des grands brûlés : Une équation au Sénégal
Le Sénégal ne dispose pas de moyens adéquats pour soigner les victimes de graves brûlures. Un réel problème de santé publique. Ils sont souvent dans le couloir de la mort. Le taux de mortalité reste élevé, se situant au-delà de 50% des accidentés. Les projets sont encore à l’état de conception. A cela, s’ajoute le nombre très insuffisant de spécialistes.
Les brûlures constituent un problème de santé publique mondiale, à l’origine d’environ 180 000 décès par an. C’est une des lésions les plus fréquemment rencontrées lors de catastrophes naturelles ou d’origine humaine (incendies de lieux publics d’origine accidentelle, ou en temps de guerre ou encore lors d’attentats terroristes). La prise en charge et le triage de brûlés en nombre reste un problème difficile. Les défis à relever sont multiples : les soins aux brûlés requièrent un nombre important de personnel qualifié ; les évacuations doivent être planifiées en fonction de la gravité de la brûlure et des lésions associées ; les stocks et lots de dotation (en particulier en topiques anti-infectieux et en cristalloïdes) doivent être suffisants et adéquats. Dans les régions, c’est la croix et la bannière pour prendre en charge ces victimes. Mme Diallo Fatou Kiné Pouye, responsable de la communication du centre hospitalier régional Heinrich Lübke de Diourbel explique : «L’hôpital ne dispose pas de service de grands brûlés. Il doit relever d’un service de soins intensifs, ce que l’établissement n’a pas. Si on reçoit des grands brûlés, on gère l’urgence et après, on procède à l’évacuation. C’est ce qui nous est arrivé lors de l’incendie de l’usine Satar de Nébé. Certains ont été évacués et les autres admis en réanimation. Il n’y a pas de médecins spécialisés dans les grands brûlés. Ce sont les chirurgiens généralistes qui s’occupent d’eux.»
Une idée agitée sous Awa Marie Coll Seck
Au Sénégal, on note une absence de prévention, le volet curatif des brûlures reste prioritaire nonobstant les nombreuses difficultés de la prise en charge des brûlés. Annoncé depuis 2014, le service des grands brûlés du centre hospitalier universitaire de Fann n’a toujours pas vu le jour. D’ailleurs, après l’explosion de la bonbonne de gaz de Derklé, dans une contribution parue à Pressafrik, Mbaye Diouf, un membre de cette famille dénonçait en ces termes : «Il faut déplorer le retard dans les secours et l’absence de structures hospitalières dignes de ce nom pouvant accueillir les brûlés de troisième degré qui n’existent nulle part au Sénégal. En réalité, l’idée d’un centre des grands brûlés était agitée lors du passage du Professeur Awa Marie Coll Seck à la tête du ministère de la Santé et de l’action sociale de 2012 à 2017», a-t-il rappelé. Ce projet tarde à voir le jour. Le Sénégal est à la croisée des chemins pour la création d’un centre des grands brûlés. Présentement, l’hôpital Principal de Dakar est la seule structure pouvant accueillir des brûlés de troisième degré avec une prise en charge pas aux normes et des lits non adaptés. Il est impératif de construire ce Centre des grands brûlés (Cgb) répondant aux normes internationales avec une technologie de dernière génération pour faire face aux défis de l’exploitation du pétrole et du gaz prévue en 2024.
Une urgence d’un Centre national des grands brûlés
La même remarque a été faite suite au violent incendie du 12 avril 2017, au Daaka de Médina Gounass qui avait fait 30 décès. Le professeur en dermatologie, Mame Thierno Dieng, régissant au micro de Voa, disait : «En ce qui concerne les brûlures, ce n’est pas tant une absence de ressources humaines mais c’est surtout une absence totale d’un service des brûlés. Parce que la brûlure, effectivement, altère la peau et en altérant la peau, ça lui ôte sa fonction la plus importante qui est la fonction de protection contre les infections et contre les pertes hydriques. On aurait dû effectivement faire preuve d’anticipation en mettant en place un service des brûlés. Si on n’a pas les infrastructures qu’il faut, ça se ressentira nécessairement sur la qualité de la prise en charge des malades.» Pour lui, au-delà de l’aspect médical, il y a une injustice sociale. «Cela crée une certaine discrimination financière à l’accès aux soins. Les grands brûlés de ce pays qui en ont les moyens se font soigner à Lyon où il y a un grand centre des brûlés mais cela coûte excessivement cher et les populations sénégalaises les plus pauvres et les plus vulnérables n’en ont pas les moyens», avait-il souligné.
Malick SY