Depuis quelques jours la presse relaye des informations faisant état du nombre de parrains collectés par les candidats déclarés pour l’élection présidentielle de février 2024. Invité du Jury du Dimanche, Abdourahmane Diouf, leader du parti Awalé et candidat déclaré à l’élection présidentielle a été interpellé sur cette guerre des chiffres. « Ça n’a aucune espèce d’importance. Malheureusement, c’est vous autres médias, autres journalistes qui relayez ça, qui donnez une importance particulière à ça. Je disais l’autre jour que le parrainage, ce n’est pas un concours, c’est un examen. Dans un concours, ce sont les meilleurs qui passent. Dans un examen, tous ceux qui ont la moyenne passent. Aujourd’hui, vous avez 10 millions de parrains, vous n’allez déposer que les 59 000 parrains demandés par la loi. Vous ne pouvez pas déposer le reste. Et je l’ai déjà dit au début du parrainage, j’ai été mal compris, quand je leur disais que ce n’est pas très citoyen de collecter tous ces parrains et de les jeter à la poubelle. Parce que c’est ce qui va se faire », a-t-il dit. Avant de poursuivre : « les gens de Benno vont dire qu’ils ont 3 millions de parrains. Ils vont déposer 59 000 parrains, au meilleur des cas. Et je parie même qu’ils ne vont pas les déposer parce qu’ils vont choisir le parrainage des députés. Donc à mon avis, on est en train d’instrumentaliser les citoyens. Mais ça ne change rien, en quelque sorte ». À la question de savoir est-ce qu’il craint les doublons ? Il a répondu sans ambages : « non, je ne crains rien du tout. Nous ne comptons pas sur les parrainages des autres candidats. Nous avons compté sur nos propres parrains, sur notre propre famille politique. Aujourd’hui, nous avons bouclé nos parrainages. Nous ne les avons pas clôturés, mais nous les avons bouclés. Parce que nous sommes en train de constituer des stocks de sécurité qui pourraient nous mettre à l’abri par rapport aux doublons. (…) Je cherche les 59 000 qui sont le seuil maximum. Je cherche à peu près 20 000, 30 000 pour un stockage de sécurité. Et après, pour le reste, je me prépare à écrire mon programme, à verser ma caution, à remplir les conditions demandées par le Conseil constitutionnel pour être un candidat. Pour le moment, c’est ça qui m’intéresse ».
Toutefois, explique-t-il : « moi, j’ai su depuis le début que je vais à une élection présidentielle pour laquelle j’ai trois tours. Le premier tour, c’est le parrainage. Ensuite, il y a les deux autres tours classiques. Je me concentre sur ça. Je suis en train de le réussir. Et par la grâce de Dieu et avec l’aide de Sénégalais, je réussirai à passer le parrainage et à être un candidat. Parce que la seule chose qui inquiète les opposants dans le cadre du parrainage, c’est cette part d’arbitraire, cette part de sélection qui nous fait croire que le président de la République ou le régime pourraient tripatouiller les choses pour dire tel candidat va passer ou tel autre candidat ne va pas passer. Parce qu’encore une fois, nous ne maîtrisons pas le logiciel, nous ne maîtrisons pas le fichier. À part cette part d’arbitraire qui est peut-être de 5 à 10 %, nous avons travaillé rigoureusement, méthodiquement, avec beaucoup de rigueur pour passer le parrainage.
Et de ce point de vue, je n’ai aucune inquiétude. Nous avons les juristes qu’il faut, nous avons les experts électoraux qu’il faut, nous avons fait le tour du Sénégal, nous sommes allés à la rencontre des citoyens, ils nous ont parrainés et nous n’avons pas d’inquiétude par rapport à ça ».
Cheikh Moussa SARR et Abdoulaye SYLLA (Photo)