Lancé le 27 avril 2017, la reconstruction et la réhabilitation de la Cité Baraka de Liberté 6 est terminée. Le Président Macky Sall remet ce mardi les clés aux bénéficiaires de ce bidonville au cœur de Dakar. Mais que d’histoire sur cette emprise dont le nom rime avec Jacques Bugnicourt d’Enda Tiers Monde ! Flashback avec Bès bi le Jour et Emedia.sn.
La Cité Baraka de Liberté 6 fait peau neuve. Cinq années, après le lancement de sa réhabilitation, les bâtiments sont sortis de terre. C’est ainsi que les 1600 habitants du quartier longtemps restés dans la vétusté, vont enfin pouvoir pousser un ouf de soulagement. C’est parce que ce bidonville créée au début des années 90 par feu Jacques Bugnicourt, fondateur de l’Ong Enda Tiers Monde manquait de tout. Les maisons étaient construites en taule et des planches de bois et n’offraient pas la sécurité minimale aux habitants dont la plupart étaient des personnes démunies. Cette cité résidentielle qui prend maintenant la place du bidonville a coûté plus 5 milliards. Elle devait être livrée 24 mois après la pose de la première pierre, mais sa livraison a accusé un énorme retard. Le Président Macky Sall, parlant de la cité, déclarait : «Cette cité emblématique de l’histoire de l’urbanisation de notre capitale, implantée sur deux hectares, sera modernisée grâce à la réalisation d’importants travaux d’aménagements.»
1600 habitants, 14 bâtiments, 210 appartements, 5 milliards de FCFA
Il coûtera près de 10 millions de dollars (environ 20 milliards de FCFA) par des combinaisons de financement. Ce projet, selon le chef de l’Etat, est composé de trois complexes de 14 bâtiments, «au total 210 appartements dans un espace entièrement rénové dans le respect des normes d’hygiène et de sécurité». Outre les infrastructures routières, et les logements modernes, «Baraka sera doté d’équipements collectifs, d’installation de centres de formation professionnelle, de la mise en place de plusieurs magasins, d’un marché, d’un centre médical, d’une école et d’une nouvelle mosquée. Les 1600 habitants de Baraka resterons ici et seront logés gratuitement. Le génie de ce projet est de pouvoir mettre le foncier à disposition des promoteurs qui pourront valoriser et augmenter la richesse de la zone, et faire la promotion de l’habitant restant, ce qui permettra de faire de Baraka, le cœur des Sicap». Les habitants de la cité ont été très impliqués dans le projet «Nouvelle Baraka». Ils ont pu donner leur avis sur les plans, exprimer leurs attentes, et ont fait un important travail de réflexion sur l’adaptation de leur mode de vie traditionnel vers des habitations plus modernes.
La contribution mensuelle modeste des habitants pour l’entretien des immeubles
En visite sur le chantier, Abdou Karim Fofana, alors ministre de l’Habitat, soulignait que les logements sont gratuits. Cependant, il précisait que «chaque famille bénéficiaire devait donner une participation mensuelle fixée entre 15 000 et 24 000 FCFA pour l’entretien des immeubles sur une durée de quinze ans».
Bidonville Baraka : Jacques Bugnicourt, le précurseur
La Cité Baraka a été créée par le fondateur de l’Ong Enda Tiers Monde, Jacques Bugnicourt, sur un champ de près de 2 hectares. Ici, la solidarité est le maître-mot. Elle est habitée par une communauté extrêmement organisée et solidaire. Depuis le début des années 1990, près de 2000 personnes ont élu domicile sur cette petite colline de la commune de Grand Yoff, au milieu des immeubles. Pas question de subir la misère, ici on cotise de l’argent, on le redistribue, on partage les points d’eau mais aussi les frais de santé ou de scolarité, on se forme les uns les autres. Une philosophie de vie qui se retrouve à tous les échelons du quotidien dans ce bidonville hors du commun. La vie du quartier est régie par des comités : pour les jeunes, pour la formation, pour les femmes, pour le développement. Les habitants ne payent pas de loyer, le terrain appartient au Domaine national. Toutes les communautés cohabitent : Sénégalais, Maliens, Ivoiriens, Guinéens… ont développé au fil des années une identité très forte. Ils s’appellent les Baraka, les chanceux. Car dans leur misère, les liens de solidarité ont toujours porté très haut les couleurs du vivre-ensemble. Il n’y a pas de différence entre les ethnies, les sexes, les âges.
Programme zéro bidonville : C’est pas du bidon !
Baraka fait partie du programme «Zéro bidonville» dont l’objectif est de faire face à des déficiences multiformes et multisectorielles. C’est un programme intersectoriel et pluri-institutionnel qui vise l’amélioration du cadre et des conditions de vie de plus de 4 millions de personnes soit plus de 500 000 ménages habitant dans les bidonvilles avant 2035. Par souci d’efficacité et de lisibilité des activités, le Programme «Zéro bidonville sera exécuté en trois phases intégrées dans les 45 départements du pays. Lors de sa mise en place, Keur Massar n’était pas encore créée à l’horizon 2035 du Pse. Il s’agit d’une phase prioritaire dite «pilote» de 5 ans (2019-2023) autour de 10 villes à croissance rapide, une phase d’accélération dite de «passage à l’échelle» de 6 ans (2024-2029) ciblant 25 villes et une phase de généralisation dite «d’éradication des bidonvilles» de 2030 à l’horizon 2035. Le programme est articulé autour de quatre domaines d’intervention que sont la mise à niveau des bidonvilles par l’aménagement et l’équipement, la construction en fast-track de 100 000 logements convenables et accessibles, la revitalisation et redynamisation économique pour l’employabilité et la gestion du programme, promotion de la gouvernance et équité territoriale.
Malick SY