Marie Diagne Sène fait encore parler d’elle. La gendarmerie ne lâche pas son ancien élément. Elle vient encore une fois de la mettre aux arrêts. Celle-ci a eu lieu le lundi 04 décembre passé après celle du 20 novembre opérée dans les mêmes circonstances. D’où la profonde indignation de l’Union des Conseillers des Affaires étrangères du Sénégal (UCAES) et l’Amicale des Chanceliers des Affaires étrangères du Sénégal (ACAES). Depuis le 04 décembre 2023, informe un communiqué des deux Amicales, « des démarches sont entreprises en vain, auprès des Autorités sénégalaises, aux fins de la libération de leur collègue, dont la nomination dans le Corps des Chanceliers (4ème Classe, 1er échelon) vient d’être actée par arrêté n°36207/MFPTSP/DGFP/DGC/DF/B2 du 07 décembre 2023 du Ministre chargé de la Fonction publique, seule autorité délégataire des pouvoirs d’administration du personnel dont est investi le président de la République ».
Pour rappel Marie Diagne Sène, alors Maréchal des Logis-Chef (MDL-Chef), a été formellement autorisée par la Hiérarchie militaire à se présenter au concours professionnel du cycle B de l’École nationale d’Administration (ENA, Section Diplomatie, Session 2018), qu’elle a brillamment réussi avant d’être déclarée admise par le jury à l’issue d’une formation de vingt-quatre (24) mois.
Au terme de cette formation, renseigne le communiqué des deux amicales, « le Directeur général de l’ENA a transmis son dossier au Haut Commandant de la Gendarmerie nationale plutôt qu’au ministère de la Fonction publique et du Renouveau du Service public. Or, traitant Madame Sène différemment des élèves brevetés de l’ENA se trouvant dans la même situation (en l’occurrence ceux de sa promotion), le Directeur général de l’ENA a, comme le reconnaît l’arrêt n°53 du 10 novembre 2022 de la Cour suprême, méconnu le sens et la portée de l’article 69 du décret 2011-1704 du 06 octobre 2011 portant création de l’ENA. Malgré cette décision de justice et les actes administratifs subséquemment pris par l’Administration publique, la Gendarmerie nationale s’est ingéniée, par Acte n°080/4/EM/OPS du 27 septembre 2023, à considérer Marie Diagne Sène comme « Agent manquant à l’appel ». Déclenchant une procédure disciplinaire contre la collègue, la Gendarmerie a mis la pression sur l’intéressée pour l’obliger, à tort, à démissionner de ce Corps sans aucune garantie légale, alors qu’il appartenait aux Autorités de ladite Institution de prendre les mesures idoines pour permettre à Madame Sène de rejoindre définitivement le Corps des Chanceliers. Ces mesures s’imposaient d’autant plus que le Haut Commandant de la Gendarmerie nationale et Directeur de la Justice militaire avait, par lettre n°4000/2/HC/EM/RH du 03 mai 2019, fait part au Directeur général de l’ENA que Madame Sène pourrait, au terme de sa formation, occuper sans restriction les emplois auxquels donne droit son nouveau statut. » Poursuivant, le communiqué ajoute « Considérant que la démission, du reste superfétatoire, a été déposée par Marie Diagne Sène sur insistance de la Gendarmerie, les deux Amicales sont au regret de constater qu’aucune mesure concrète n’a, à leur connaissance, été prise pour une libération effective de leur collègue. En outre, Madame Sène, non seulement subit un traitement médical incompatible avec un maintien en détention, mais également allaite un enfant d’un (01) an. Sa situation devrait objectivement entrainer la suspension de l’exécution de cette « sanction disciplinaire » qui, somme toute, demeure sans objet, puisqu’elle s’applique à un fonctionnaire civil qui appartient au Corps des Chanceliers depuis le 06 juillet 2023, date d’effet de l’arrêté susmentionné du ministre chargé de la Fonction publique, mettant explicitement fin à l’ancienne situation de MDL-Chef de Madame Sène et abrogeant « toutes dispositions antérieures et contraires » à l’acte de nomination en question. » C’est la raison pour laquelle, « À la lumière de ce qui précède, l’UCAES et l’ACAES condamnent une nouvelle fois, avec la plus grande fermeté, cette forfaiture qui, au-delà de porter atteinte à l’honorabilité de leur collègue et de tous les fonctionnaires du Cadre des Affaires étrangères, viole le caractère exécutoire des décisions de justice ainsi que les principes d’unité et d’indivisibilité de l’Administration publique. Outrées par ces agissements, les Amicales du Cadre des Affaires étrangères exigent la libération immédiate et sans condition de leur collègue Madame Marie Diagne Sène».
Malick Sy