La publication des rapports des corps de contrôle a permis de relever des malversations ou de mauvaise gestion des deniers publics. Président du Parti de la construction et de la solidarité/Jengu Tabakh, Boubacar Kamara dit être souvent frustré. « J’étais inspecteur général d’Etat. J’ai souvent été frustré par le fait que, après le rapport et tout, ça finit comme ça, comme de l’eau de boudin. C’est fini, c’est oublié. Les gens qui sont épinglés, vous les rencontrez partout. Ils sont là en train de plastronner, après avoir dilapidé les biens. C’est quand même très frustrant. Pourquoi devrait-on cacher la vérité aux populations ? Évidemment, si les fautes qui sont commises, si les manquements qui sont commis ne méritent pas d’être portés à la connaissance du public, évidemment, il y a des règles pour voir ce qu’il faut publier, comment il faut le publier (…), a-t-il soutenu lors de l’émission Jury du Dimanche sur les ondes de la 90.3 Iradio.
Par ailleurs, il a renseigné qu’avec ces malversations le développement ne sera pas pour maintenant. « Si elles étaient évitées, ces malversations-là, on aurait déjà gagné beaucoup d’argent. Est-ce que vous savez, selon l’OCDE, que plus de 142 milliards de dollars ont été dilapidés en Afrique et planqués ailleurs ? Alors qu’il suffit d’avoir 72 milliards pour transformer l’Afrique. Toutes les infrastructures, les gares, le TGV et tout. Donc ça veut dire que l’Afrique n’est pas pauvre. Le Sénégal aussi n’est pas pauvre. Donc, c’est la même chose pour les ressources naturelles. Je pense qu’il faut encourager cette tendance-là à la publication des rapports. Il faut bien sûr prendre une loi pour voir les conditions de publication, les déclassifications qu’il faut faire, pour éviter de jeter en pâture des gens, pour des détails, etc. », dit-il.
Par ailleurs, avertit-il : « si vous dilapidez en pensant que ça ne sera jamais su, c’est votre affaire. C’est parce que vous ne connaissez pas. Vous ne savez pas comment le monde fonctionne. Le besoin de changement, le besoin d’équité, la pauvreté des populations, le besoin de voir la transparence… Mais ce qui a manqué au régime précédent, c’est quoi ? C’est deux choses. Le respect des populations et la transparence. Mais ce besoin, c’est comme de la nourriture. Les gens ont besoin d’être respectés. Les gens ont besoin que leur bien soit géré dans la transparence.
Tous les gens qui font de la politique et qui ne le comprennent pas, ils n’ont qu’à aller à la rue. La retraite politique, ce n’est pas une question d’âge. C’est une question d’être au diapason de comment fonctionne le monde. Aujourd’hui, les gens ont besoin que le bien public soit géré dans l’intérêt des populations. Les promesses non tenues, c’est fini. Tous les gens qui disent que les promesses n’engagent que ceux qui y croient, ils n’ont rien compris ».
Cheikh Moussa SARR et Pape Doudou DIALLO (Photo)