Le président du Conseil national de la maison des éleveurs du Sénégal a exprimé ses inquiétudes sur les spéculations foncières. Pour Ismaïla Sow, le foncier pastoral est le problème majeur de l’élevage. Dans cet entretien accordé à Bés bi, il donne quelques pistes pour préserver le secteur.
« Le problème majeur de l’élevage, c’est le foncier et cela est un frein pour le développement du secteur. On ne doit pas prendre le foncier seulement pour un moyen de se faire de l’argent. Entre Thiès et Pout, en passant par Mont Rolland, ou en allant vers Nguekhokh ou Tassette, toutes les terres ont été cédées à des hommes d’affaires et ceux qui font de l’agrobusiness. Il y a aussi les usines qui fabriquent du ciment, qui ont occupé une bonne partie de ces terres. L’utilité du foncier doit être pour la culture ou pour la construction. Il faudrait revoir la procédure d’attribution du foncier. Et sur ce point, les nouvelles autorités doivent redoubler de vigilance, même si elles sont sur cette lancée. Les éleveurs ont souvent des difficultés pour avoir un endroit où faire paître les animaux et le manque de couloirs de pâturage, risque de plomber le secteur. Il faut tracer des couloirs de pâturage dans les lotissements, parce que l’élevage a une importance dans l’économie du pays, au même titre que l’agriculture. Il faut aussi que l’Etat arrête les spéculateurs dont le seul souci est de vendre des terres, mettant souvent en conflit les éleveurs et les paysans ».
À la question de savoir quelles sont les solutions pour permettre aux éleveurs d’avoir accès aux terres, Ismaïla Sow répond : « La première solution, c’est que le gouvernement s’assoie avec les éleveurs et les associe à toutes prises de décision les concernant. La seconde, c’est la mise en place d’une Commission nationale de réforme foncière en y intégrant au-delà, des experts, les éleveurs, les paysans et tous ceux qui sont directement concernés. Il faut qu’on donne à cette commission le temps nécessaire pour identifier les véritables causes du problème et revoir les codes de l’environnement, minier, forestier, des collectivités territoriales… En réalité, ces textes ne favorisent que ceux qui les créent. Il faut également revoir la loi d’orientation sylvopastorale, car en général ils oublient la réalité du secteur de l’élevage ».
Ndèye Anna NDIAYE