L’institution d’une Cour Constitutionnelle à la place du Conseil Constitutionnelle, la révision des codes qui régissent le système judiciaire sénégalais, la réduction des pouvoirs du procureur et l’instauration d’un juge des libertés, la sortie des juges d’instruction de la tutelle du ministère de la Justice, tels sont les points focaux des recommandations de la commission de réforme de la justice, une semaine après l’ouverture des assises de la justice.
Ces réformes annoncées hier par le président de ladite commission, Issac Yankhoba Ndiaye laissent pessimiste certains sénégalais, rencontrés lors d’une descente sur la place de l’indépendance. Ils prônent en effet à l’applicabilité et à la responsabilité des autorités compétentes pour garantir une bonne conduite des changements annoncés.
Revenant sur l’inspection du travail, Mamadou Ndiaye, en conflit avec son entreprise, trouve que ces réformes sont tout à fait normales et légales, mais doute de l’applicabilité qui pose toujours problème. Poursuivant son propos, il déclare : « j’aurais pu aller plus loin concernant l’applicabilité des décisions de justice si j’avais la possibilité de siéger dans cette commission parce que tu peux gagner un procès, mais la lenteur avec des appels à n’en plus finir peut à tout moment inversé les choses. Et ce, pas parce qu’il y a eu des erreurs, mais plutôt parce que la personne que vous avez en face est plus puissant et je pense que ce sont des choses à corriger. Donc je ne peux pas me fier aux propos, j’attends des actes concrets pour applaudir avec les deux mains ».
Même son de cloche pour Benjamin Mendy. Ce dernier parle d’une prise de conscience professionnel des personnes compétentes en la matière. « Ce sont les professionnels en la matière qui doivent avoir une prise de conscience à mon avis. On a beau changé et faire des réformes sur la justice, mais c’est au niveau des personnes où le bât-blesse. Nous nous rendons tous au tribunal et nous savons tous comment la justice est rendue».
Pour ce qui est de la réduction des pouvoirs du procureur et l’institution d’un juge des libertés, le septuagénaire renchérit : « cela revient au même parce que trop de pouvoir aussi peut déstabiliser le pays, il faut qu’il y ait des limites des prérogatives de chaque institution ».
Fonctionnaire licencié à la Sagam, Jacque estime, en revanche, que ces réformes annoncées manquent de pertinences dans la mesure où tout le problème se résume à la question de la responsabilité des décideurs politiques et doute de l’applicabilité de ces réformes. En effet, dit-il, « le grand problème, c’est la démission du chef de l’Etat du conseil de la magistrature et ils ne sont pas d’accord sur ce point alors, comment peut-on parler de réformes sans pour autant trouver un terrain d’entente sur ce problème. Nous n’avons pas de problème de justice, c’est une question de responsabilité des décideurs politiques. Tant que l’exécutif est au centre du conseil de la magistrature, il ne peut pas y avoir de réforme. Rien ne changera parce que les concernés ne sont pas réunis. Il faut la séparation des pouvoirs d’abord pour parler de réformes », soutient-il.
Arame Fall NDAO