La mauvaise nouvelle ! Mademba Sock est décédé à Paris dans la soirée, selon plusieurs sources médiatiques. Le secrétaire général de l’Unsas y était hospitalisé depuis quelques semaines. Une grosse perte pour le monde syndical et pour le Sénégal. Retour sur quelques moments forts de la vie de l’ancien secrétaire général du Sutelec, le syndicat qui l’a mis au devant de la scène.
Figure syndicale historique
Il était sur la photo de famille qui a sanctionné la rencontre récente entre le chef de l’État et les organisations syndicales et patronales pour les concertations sur la cherté de la vie. Mademba Sock est aussi cette séquence historique et politique du Sénégal des années 90. Il est la figure de proue, en 1998, d’un mouvement de refus de toute privatisation de la Senelec. À la tête du Syndicat unique des travailleurs de l’électricité (Sutelec) qu’il dirige, il mène le combat avec engagement et détermination en usant de méthodes que le gouvernement de Diouf, acculé par les coupures d’électricité et la tension sociale, ne pouvaient plus digérer. Par ses mots d’ordre dits «grève du zèle», presque sans concession, il plonge le Sénégal dans panne, comme ces machines de la Senelec qui tournent au ralenti. Ou pas du tout. Les socialistes, surtout son ministre de l’Energie, Maguette Diouf, frère du chef de l’État, y voient du « sabotage » en règle alors qu’ils s’acheminent vers des élections décisives qui pourraient sanctionner une usure du pouvoir
Six mois en prison, « Boulen coupé » de Youssou Ndour
Le 20 juillet 1998, Sock et 26 de ses camarades du Sutelec sont arrêtés et envoyés en prison. Après de fortes pressions syndicales et politiques, ils seront libérés le 22 janvier 1999, après six mois d’emprisonnement. Entre-temps, Youssou Ndour n’en pouvait plus de voir les coupures de courant persister. S’aggraver. Il sort un opus, « Boulen coupé », qui a dû faire mal au régime de Diouf.
Candidat à la Présidentielle de 2000
Dopé par la forte mobilisation autour de lui, il est devenu un leader populaire. Mais pas dans les urnes. Sous la bannière du Rassemblement des travailleurs africains/Sénégal (Rta/S) d’El Hadj Momar Samb, il se présente à l’élection présidentielle de 2000. Il en sort dernier sur les 8 avec 9326 voix (0,56%). Au 2nd tour, il soutient Abdoulaye Wade devant Diouf et participera ainsi à la première alternance politique.
Hamath KANE