L’un des problèmes qui grippent la machine politique qu’est le Pastef, depuis qu’il est au pouvoir, c’est justement une sorte de patriotisme de parti de certains caciques qui les rend foncièrement allergiques à toute forme d’ouverture et de rencontre. Pastef est un parti au pouvoir qui est appelé à s’ouvrir, dans le respect de sa ligne et sans faire la promotion des contre valeurs comme la transhumance.
Pire, le patriotisme de parti est devenu, pour ainsi dire, le prétexte à tous les instincts de xénophobie politique et d’ostracisme. L’attachement obsessionnel au Pastef des « années de braise » est souvent un symptôme occulte de dégénérescence politique. On a vu des militants et responsables s’accrocher maladivement aux notions péjoratives de transhumance et de patriotisme politiques pour refuser toute forme d’évolution, toute altérité.
En vérité, derrière le masque du patriotisme et de l’inimitié politiques, il y a toujours la même tare : la peur de la diversité et de l’altérité. Les grands élans de patriotisme de parti et les poussées exclusivistes qui inondent la littérature orale politique de certains Patriotes, ne sont que les antres de l’impuissance à supporter le destin inexorable d’un parti au pouvoir, à savoir la massification et la mutation infinie dans le respect de son idéologie.
Il est temps que l’on comprenne une bonne fois pour toutes que la démocratie est un régime dans lequel on ne peut pas se contenter d’avoir la majorité pour gouverner seul. Gouverner dans une démocratie d’opinion exige l’ouverture à l’infini, la diversité enrichissante et la recomposition politique permanente.
Payer le prix de la liberté, c’est à la fois accepter de faire des concessions au profit de ses alliés et disposer son parti à se défaire de certains principes et valeurs traditionnels pour en recevoir d’autres : il faut s’adapter dans un monde où tout est connecté et interdépendant.
L’égoïsme politique est forcément contreproductif : de même que la recherche effrénée et outrancière de l’authenticité en vie sociale condamne à la marginalité. La culture excessive du patriotisme politique mène inexorablement à l’isolement et à la désuétude.
Sans la capacité de changer contenue dans la vertu à faire l’assimilation et la symbiose de plusieurs données extérieures, toute organisation humaine est condamnée à la décadence.
Pape Sadio Thiam