L’espoir était grand avec l’hivernage pluvieux pour les riziculteurs de Podor. Mais l’invasion des oiseaux granivores risque d’annihiler les nombreux efforts accomplis. Les paysans de Ndioum, de Madina-Pété et de Mbolo Birane crient, non seulement pour chasser les oiseaux, mais aussi pour demander secours aux nouvelles autorités.
Contrairement aux paysans qui avaient choisi la campagne de la saison sèche qui s’alarmaient du manque d’eau, les riziculteurs, en cette période d’hivernage, voient leurs périmètres suffisamment arrosés. Surtout avec un ciel qui a largement ouvert ses vannes entre juillet et août. Les épis commencent à mûrir et donnent l’espoir de voir le riz paddy dans les concessions. Mais il y a encore un dernier combat à mener : celui contre les oiseaux granivores. Dans les casiers rizicoles de Ndioum, de Madina-Pété et de Mbolo Birane, les paysans quittent leurs différentes localités avant le lever du jour pour y rentrer après le coucher du soleil. Une course contre la montre avec les oiseaux granivores qui, aussi, sont très matinaux. La peur des inondations des périmètres rizicoles derrière eux, malgré leur détermination à ramener beaucoup de riz, les oiseaux granivores sont toujours présents pour picorer les épis jaunissant. Abdoulaye Guélel Diallo, un paysan de Ndioum, déclare : «Ce sont des hectares qui sont exploités mais les oiseaux granivores nous empêchent de dormir et nous avons peur pour nos récoltes».
A l’instar des paysans de Ndioum, ceux du grand aménagement Madina-Pété font face à ces oiseaux. Dans l’un de ces périmètres, Wodoss est totalement équipé d’épouvantails et les familles s’organisent pour des tours de présence journalière pour faire beaucoup de bruit avec des cris accompagnés de battements d’ustensiles de cuisine. Des concerts de casseroles ! L’un des exploitants, Abdoul, indique avec un ton moqueur pour se relaxer : «Je dirais aux nouvelles autorités que nous sommes des soldats de la souveraineté alimentaire tant chantée. En ce moment, nous sommes en guerre contre les oiseaux granivores. Le seul effort de guerre que nous attendons d’eux, c’est de nous éliminer ces destructeurs de notre subsistance».
Un peu plus à l’Est du département de Podor, le casier rizicole de Mbolo Birane est régulièrement exploité mais le fléau des oiseaux granivores est présent. Et les paysans révèlent qu’à cause de l’invasion des oiseaux granivores, plus de 7 champs ont été abandonnés par leur propriétaire. Mais la majorité n’attend pas abandonner.
De Ndioum à Mbolo Birane en passant par Madina et Pété, les paysans attendent l’appui de l’Etat et interpellent le ministère de l’Agriculture pour les accompagner à chasser les oiseaux granivores. Des granivores qui risquent de chahuter les efforts de paysans qui comptent sur leurs rendements pour nourrir leurs familles.
Demba NIANG (Correspondant)