Les déclarations du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, affirmant son attachement à la vision du « Grand Israël », ont déclenché une vague de condamnations dans l’ensemble du monde arabe. Interrogé mardi sur la chaîne israélienne i24, Netanyahu a affirmé se sentir investi d’une « mission historique et spirituelle » et a déclaré être « très attaché » à ce projet aux accents expansionnistes.
L’expression « Grand Israël » fait référence à des frontières bibliques remontant à l’époque du roi Salomon, incluant non seulement la Cisjordanie, mais aussi des portions de territoires appartenant aujourd’hui à des pays voisins tels que la Jordanie, le Liban et la Syrie. Une vision soutenue par des courants ultra-nationalistes israéliens qui appellent à l’extension du territoire au-delà des frontières reconnues.
Ces propos interviennent dans un contexte déjà explosif, alors que l’armée israélienne vient d’approuver un plan gouvernemental pour prendre le contrôle de la ville de Gaza, et que le ministre des Finances Bezalel Smotrich a validé la construction de plus de 3 000 logements dans une nouvelle colonie en Cisjordanie. Ce projet pourrait couper la Cisjordanie en deux, isoler Jérusalem-Est, et compromettre davantage l’établissement d’un État palestinien. Le bureau de Smotrich a même déclaré que cette implantation « barre la route à la création d’un État de Palestine », alors que plusieurs pays, dont la France, se sont récemment engagés à reconnaître l’État palestinien lors de l’Assemblée générale des Nations unies en septembre prochain.
La réaction des pays arabes ne s’est pas fait attendre. L’Égypte a dénoncé dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères une « provocation à l’instabilité » et a demandé des clarifications immédiates. Le Caire a rappelé son engagement en faveur de la paix et a mis en garde contre « le rejet de l’option pacifique dans la région ».
L’Arabie saoudite a également réagi fermement en qualifiant les propos de Netanyahu et les projets israéliens de « coloniaux et expansionnistes ». Le royaume a rappelé le « droit historique et juridique » du peuple palestinien à établir un État indépendant et souverain, et a mis en garde contre des « violations israéliennes » qui mettent en péril « la sécurité régionale et mondiale ».
La Jordanie a dénoncé des « illusions absurdes » de la part du Premier ministre israélien, affirmant qu’aucune rhétorique ne saurait remettre en cause les droits « légitimes et inaliénables » des Palestiniens.
Le secrétaire général du Conseil de coopération du Golfe, Jassem al-Budaïwi, a pour sa part parlé d’une « violation flagrante de la Charte des Nations unies et du droit international ». Il a exhorté la communauté internationale à adopter une position ferme face à ce qu’il qualifie de « déclarations provocatrices ».
La Ligue arabe a condamné ce qu’elle appelle un « mépris dangereux » pour la souveraineté des États arabes et une « menace grave » à la sécurité collective de la région. Elle a appelé le Conseil de sécurité de l’ONU à prendre des mesures concrètes pour contrer ces intentions qualifiées d’« expansionnistes et agressives ».
Au Liban, les réactions ont été plus mesurées. Toutefois, le leader du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, a publié un message sur le réseau social X : « Le Liban a existé durant des milliers d’années avant Israël, et demeurera pour l’éternité. Amen », sans mentionner directement les propos de Netanyahu.
Le climat reste tendu, d’autant plus que certains groupes israéliens d’extrême droite, à l’instar de l’organisation « Uri Tzafon » fondée en 2024, appellent désormais à coloniser le Sud-Liban. Cette montée des discours radicaux fait craindre une nouvelle phase d’escalade dans une région déjà marquée par de nombreuses crises.
Emedia