Le Premier ministre Ousmane Sonko a présidé, ce lundi 1er septembre 2025, un Conseil interministériel consacré à la situation critique du Groupe SN La Poste. À l’issue des travaux, un plan de redressement et de relance ambitieux a été adopté, marquant un tournant stratégique pour l’opérateur public historique des services postaux, financiers et logistiques.
Victime d’une crise systémique depuis plus d’une décennie, La Poste cumule déficits structurels, défaillances de gouvernance, baisse d’activité et dérives managériales. Les chiffres sont alarmants : plus de 100 milliards de pertes cumulées à fin 2024, des capitaux propres négatifs de 156 milliards de FCFA, un endettement généralisé et un déficit de 9 milliards sur les dépôts des clients. Le tout dans un contexte de dégradation continue de la performance, d’infrastructures obsolètes et de tensions sociales durables.
Face à cette situation, le gouvernement entend restaurer la viabilité du Groupe autour de deux grandes phases : le redressement (2025) et la relance (2025-2029). La première étape consistera à recapitaliser la société, rationaliser les effectifs via un plan de départs négociés, apurer les dettes fiscales et sociales, et actualiser le cadre juridique du secteur postal. Le patrimoine foncier stratégique de La Poste, jusque-là sous-exploité, sera valorisé avec l’appui du FONSIS et de la CDC.
La deuxième phase prévoit une transformation structurelle. Le gouvernement veut faire de La Poste un outil d’inclusion sociale, financière et numérique. Parmi les mesures phares figurent : la création d’une Banque postale d’ici 2029, le renforcement des services de Postefinances et EMS Sénégal, le développement du e-commerce national et transfrontalier, la généralisation du paiement de masse via La Poste, ainsi que la mise en place d’un service national de messagerie électronique.
La régulation sera également renforcée, avec un soutien accru de l’ARTP pour faire respecter le domaine réservé de La Poste, notamment face aux opérateurs privés. Le Premier ministre a enfin invité l’ensemble des ministères à utiliser prioritairement les services de La Poste, dans une logique de relance interne et de souveraineté opérationnelle.
À travers cette réforme d’envergure, le gouvernement ambitionne de repositionner La Poste comme un acteur public moderne, fiable et compétitif, au service du développement national et de la cohésion territoriale.
Emedia