Les travailleurs de l’éducation spécialisée du ministère de la Justice ont tenu ce lundi un sit-in devant leur direction générale pour dénoncer leurs conditions de travail jugées précaires et réclamer une revalorisation de leur statut. Selon Babou Lissa Ndiaye, secrétaire général du Syndicat national des travailleurs en éducation spécialisée du ministère de la Justice, cette mobilisation vise à attirer l’attention des autorités sur les nombreuses injustices que subit leur corps de métier.
« Pendant longtemps, nous avons été marginalisés. À chaque fois qu’il s’agit d’octroyer des avantages au sein du ministère, nous sommes laissés en rade », déplore M. Ndiaye. Les éducateurs spécialisés réclament ainsi de meilleures conditions de travail, notamment un équipement adéquat pour les services d’action éducative. « Certains collègues doivent se déplacer sur le terrain avec des motos Jakarta, au péril de leur sécurité, faute de véhicules de service », souligne-t-il.
Le syndicat revendique également le reclassement des éducateurs à la grille RH A2, en conformité avec les standards internationaux, ainsi que le relèvement du niveau de formation au Centre de formation judiciaire (CFJ) au niveau licence. « Aujourd’hui, seuls les éducateurs sont recrutés avec le niveau baccalauréat. Il est temps de valoriser cette profession essentielle », a insisté le secrétaire général.
Autre point de discorde : l’absence d’indemnités de sujétion pour les postes de responsabilité. « On avance en grade, mais notre salaire diminue. À un certain indice, on perd les heures supplémentaires et, paradoxalement, un chef de service n’a aucun avantage. Cela doit changer », martèle M. Ndiaye.
Le syndicat dénonce également le décret n°792-2024, jugé « discriminatoire », car il réserve les postes de direction aux magistrats hors hiérarchie. « Ce texte remet en cause notre profession. Nous travaillons à la croisée du judiciaire, de l’éducatif et du social. Il est donc injuste d’exclure les éducateurs spécialisés de ces responsabilités », affirme-t-il.
Les travailleurs demandent en outre la révision de l’indemnité de participation à la judicature, qu’ils estiment trop faible par rapport à celle des autres corps du ministère. Ils attirent aussi l’attention sur l’état de délabrement avancé de certains centres de sauvegarde, notamment ceux de Camberène et de Pikine-Guédiawaye, où le personnel travaille dans des conditions indignes. « Imaginez une lingère qui doit laver pour mille enfants sans machine, ou une cuisinière qui prépare les repas sans matériel adéquat », s’indigne le syndicaliste.
Face à cette situation, le Syndicat national des travailleurs en éducation spécialisée appelle le ministre de la Justice à apporter des solutions urgentes. Faute de réponse, le mouvement social risque de se durcir. « Ce sit-in est le deuxième acte de notre plan d’action. Si rien n’est fait, nous irons vers un débrayage, puis une grève générale dans le secteur », avertit Babou Lissa Ndiaye.
Emedia
Photo : Pape Doudou Diallo








