En Casamance, les acteurs de la filière madd sont invités à augmenter leur production, aujourd’hui estimée à 3 000 tonnes de fruits frais par an, un volume jugé insuffisant au regard d’une demande nationale et internationale en pleine expansion. La faible capacité de transformation, limitée à 5 % de la récolte, reste l’un des principaux défis, a souligné Pape Tahirou Kanouté, directeur exécutif de l’ONG Économie, Territoire et Développement Service (ETDS), lors de l’assemblée générale de renouvellement de l’APIGMAC à Ziguinchor.
Selon lui, le secteur doit impérativement renforcer la production du madd, fruit sauvage issu du Saba senegalensis, alors que la filière demeure largement dominée par la cueillette, un mode d’exploitation non durable dans un contexte de pression croissante sur les forêts. M. Kanouté rappelle que la demande, portée par de nouveaux partenariats commerciaux au Sénégal et en Europe, connaît une croissance soutenue, tandis que les capacités de transformation restent très faibles, malgré l’implication de 81 PME, 25 groupes de cueilleurs et plus de 4 000 membres regroupés au sein de l’APIGMAC.
L’association a obtenu en 2024 la première indication géographique du Sénégal, consacrant le “madd de Casamance”, une reconnaissance qui a accru la visibilité du produit et ouvert la voie à des opportunités commerciales. Face à cette dynamique, les acteurs appellent à une structuration renforcée de la chaîne de valeur, à l’accès au financement et aux équipements, ainsi qu’à une participation plus forte de la recherche agricole.
Pour le directeur régional du développement rural, Casimir Adrien Sambou, “la cueillette n’a pas d’avenir”. Il plaide pour une transition vers une production organisée, incluant la sélection de plants adaptés et la sécurisation de la ressource afin de répondre durablement à la demande. La présidente par intérim de l’APIGMAC, Diadia Baldé, alerte pour sa part sur les menaces que représentent les feux de brousse, la coupe abusive de branches et la collecte précoce des fruits, des pratiques ayant contribué à une faible disponibilité lors de la campagne 2024.
Elle souligne enfin que le renouvellement des instances de l’association vise à consolider la collaboration entre acteurs, partenaires et autorités pour préserver et développer cette filière agroforestière stratégique pour la souveraineté alimentaire du Sénégal et essentielle à l’économie de la Casamance.
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