Le rapprochement entre le Sénégal et la Côte d’Ivoire s’accélère depuis l’arrivée au pouvoir de Bassirou Diomaye Faye en 2024. Les échanges entre les deux capitales se sont renforcés, portés par des rencontres régulières entre les présidents Faye et Ouattara et par la volonté commune d’élever leur coopération à un niveau stratégique. La participation annoncée du président sénégalais à l’investiture d’Alassane Ouattara le 8 décembre 2025 illustre cette dynamique. Elle symbolise un dialogue bilatéral devenu essentiel dans un contexte régional marqué par les tensions politiques et sécuritaires.
Cette relation s’appuie sur des intérêts convergents. Dakar et Abidjan affichent la même lecture des enjeux régionaux, notamment la lutte contre le terrorisme, le retour à la stabilité au Sahel et la préservation du cadre institutionnel ouest-africain. Leur vision commune de l’intégration régionale les place au cœur d’une CEDEAO fragilisée par les retraits du Mali, du Niger et du Burkina Faso. Les deux chefs d’État souhaitent répondre à ces fragilités en renforçant la coordination politique et en relançant des mécanismes de concertation abandonnés depuis plusieurs années, comme la Grande Commission mixte inactive depuis 2014.
L’économie constitue un autre pilier majeur de cet axe. La Côte d’Ivoire, locomotive industrielle de la sous-région, et le Sénégal, plateforme logistique et financière en expansion, cherchent à harmoniser leurs stratégies pour accroître les échanges. Leurs gouvernements entendent stimuler les investissements croisés, diversifier les secteurs de coopération et créer un environnement favorable au secteur privé. Les rencontres économiques, notamment lors de l’Africa CEO Forum à Abidjan en mai 2025, ont permis d’amorcer cette dynamique.
La dimension humaine renforce également ce rapprochement. La communauté sénégalaise installée en Côte d’Ivoire joue un rôle essentiel dans les relations bilatérales. Présente dans le commerce, les services ou la restauration, elle constitue un relais économique et culturel majeur. L’accueil enthousiaste réservé à Diomaye Faye lors de ses déplacements à Abidjan montre le poids de cette diaspora, véritable trait d’union entre les deux pays.
Le rapprochement entre Diomaye Faye et Alassane Ouattara repose enfin sur une convergence politique assumée. Malgré des styles différents, les deux dirigeants partagent une vision de stabilité, d’intégration et de coopération régionale. Leur entente crée un centre de gravité influent au sein de l’Afrique de l’Ouest, dans une période où la région cherche de nouveaux équilibres.
L’axe Dakar–Abidjan apparaît désormais comme l’un des moteurs politiques et économiques de la sous-région. Reste à transformer cette entente en actions concrètes capables d’améliorer la sécurité, de stimuler les échanges et de renforcer la cohésion ouest-africaine dans un contexte de profondes recompositions.
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