Le climat social à l’Aéroport International Blaise Diagne (AIBD SA) est sous haute tension. Le collectif des 514 travailleurs monte au créneau pour dénoncer une vague de licenciements jugée illégale, pointant du doigt une gestion opaque et une tentative de manipulation des instances syndicales. En cause, un projet de suppression de 500 emplois qui, selon eux, ne repose sur aucun fondement économique valide.
Les travailleurs accusent la Direction Générale de vouloir légitimer ces licenciements en s’appuyant sur des représentants syndicaux dont le mandat a expiré depuis quatre ans. Un séminaire organisé à Saly du 26 février au 1er mars aurait servi de cadre à cette manœuvre, en violation des articles L.211 et L.212 du Code du Travail, qui imposent l’élection régulière des délégués du personnel. Pour le collectif, aucun accord ne saurait être valable sans des représentants légitimes et dûment élus.
Au-delà de cette contestation syndicale, la gestion de l’entreprise est sévèrement critiquée. Tandis que la Direction Générale évoque un déficit financier pour justifier ces suppressions d’emplois, le Conseil d’Administration lui-même aurait désavoué le Directeur Général, rejetant son organigramme et ses dernières nominations. Par ailleurs, les travailleurs dénoncent des chiffres trompeurs sur les effectifs, rappelant que l’entreprise ne compterait actuellement que 875 salariés.
Autre paradoxe relevé : alors qu’il invoque des difficultés financières, le Directeur Général bénéficierait d’avantages considérables, notamment un « car plan » alors que plusieurs véhicules de fonction sont déjà à sa disposition. Dans le même temps, l’État du Sénégal devrait encore 70 milliards de FCFA à l’AIBD SA, un élément qui, selon les employés, rend totalement irrecevable l’argument économique avancé pour justifier ces licenciements.
Les violations du Code du Travail s’accumulent, dénoncent les travailleurs, qui rappellent que tout licenciement collectif nécessite une consultation préalable des délégués du personnel et une validation par l’Inspection du Travail. Or, aucune de ces étapes n’aurait été respectée. Pire, les critères de sélection des employés concernés seraient arbitraires et discriminatoires, ne prenant en compte ni les compétences, ni l’ancienneté, ni la situation familiale, contrairement aux exigences légales.
Face à ces irrégularités, le collectif exige l’annulation immédiate des licenciements, l’organisation d’élections syndicales et un audit externe sur la gestion des recrutements et des avantages accordés aux dirigeants. Si ces demandes ne sont pas satisfaites sous sept jours, les travailleurs menacent de saisir l’Inspection du Travail et les autorités judiciaires, voire d’engager une grève générale.
Ils dénoncent une tentative de licenciement « illégale et immorale », un dialogue social faussé et une opacité dans la gestion de l’entreprise. En attendant une réponse de la Direction Générale, la tension ne cesse de monter à l’AIBD SA.
Emedia