Le Sénégal traverse une période de turbulences politiques, économiques et administratives qui préoccupent de nombreux observateurs. Parmi eux, Cheikh Doudou Mbaye, Sénégalais installé à Bruxelles et acteur du secteur de la santé, interpelle directement le président Bassirou Diomaye Faye et son gouvernement sur la nécessité d’un changement de cap. Dans une contribution intitulée Buu Noox Tuuro, il dresse un constat sévère des neuf premiers mois du régime et propose des pistes pour une gouvernance plus efficace.
Selon Cheikh Doudou Mbaye, le Sénégal est dans une impasse. Il estime que le pays a atteint un niveau de division inédit et qu’il est urgent de restaurer la cohésion nationale. Pour lui, la solution réside dans un dialogue inclusif avec toutes les forces politiques et les compétences disponibles, y compris celles qui ne partagent pas la même vision que le duo Bassirou Diomaye Faye – Ousmane Sonko.
« Il ne sert à rien de vouloir foncer dans le mur en klaxonnant. Consultez toute la classe politique, discutez de la situation et prenez leurs avis et conseils », martèle-t-il, regrettant certaines décisions hâtives du gouvernement, notamment la publication d’un pré-rapport non certifié qui, selon lui, a fermé des portes diplomatiques et économiques au pays.
L’un des points majeurs de sa critique concerne la gestion des finances publiques. Il appelle à une réduction drastique des dépenses de l’État, notamment à travers la diminution de la taille du gouvernement et des cabinets ministériels, la réduction des cortèges officiels et des voyages à l’étranger, la baisse du budget de l’Assemblée nationale, de la Présidence et de la Primature, une réduction des salaires des hauts fonctionnaires, y compris celui du président, de 50 %, ainsi que la suppression des agences et directions jugées inutiles, comme l’ASP, l’ANPEJ, le FHS ou encore l’Asepex.
« Pourquoi y avoir nommé d’autres responsables au lieu de suspendre leurs dépenses en attendant leur dissolution ? », s’interroge-t-il, estimant que ces nominations contradictoires alimentent la frustration.
Au-delà des coupes budgétaires, Cheikh Doudou Mbaye plaide pour une réforme en profondeur de l’administration et une meilleure cohérence dans la gestion des institutions. Il propose notamment de fusionner plusieurs agences et structures étatiques pour éviter les doublons et améliorer l’efficacité. Parmi les regroupements suggérés figurent la fusion de l’Ageroute et des Autoroutes du Sénégal, celle de CDC Habitat, SN HLM et SICAP, ou encore celle du FONSIS, FONGIP et APIX sous une Haute Autorité des Investissements. Dans le même élan, il recommande de séparer la Direction des Impôts de celle des Domaines, source de nombreux conflits et de blocages économiques.
L’arrêt des grands chantiers de l’État est une autre source d’inquiétude pour Cheikh Doudou Mbaye. Il alerte sur l’impact de cette décision sur le secteur du BTP, avec une chute de 25 % de la consommation de ciment et la perte de près de 10 000 emplois. Selon lui, cette situation est directement imputable aux choix du Premier ministre Ousmane Sonko, qu’il accuse d’avoir précipité une crise en suspendant brutalement les projets en cours. De même, le blocage des titres fonciers affecte le secteur privé, car ces documents servent souvent de garantie pour les prêts bancaires permettant aux entrepreneurs de financer leurs activités.
Au-delà des critiques, Cheikh Doudou Mbaye insiste sur la nécessité de recréer un climat de sérénité pour relancer le pays. Il appelle au dialogue, au pragmatisme et à l’unité : « Vous avez voulu bien faire, mais nous avons eu dix mois de politique, de tâtonnements et de désordre institutionnel. Il est temps de rassembler les Sénégalais, car chaque main, chaque intelligence et chaque conseil vous seront utiles. »
Pour lui, la refondation de l’État ne doit pas être un simple slogan, mais une mission concrète menée avec audace et détermination. « Unis pour bâtir », vous aviez promis, il est temps de passer aux actes. »
Emedia