À l’approche du 23e anniversaire du naufrage du bateau Le Joola, un Comité Régional de Développement (CRD) s’est tenue, ce mercredi, au Musée Mémorial Le Joola à Ziguinchor. Un moment fort marqué par une volonté commune : faire de cette commémoration une étape décisive dans la transmission de la mémoire collective et dans la transformation des comportements citoyens.
Evelyne Marie-Jeanne Ndiaye, coordonnatrice de la commémoration 2025 et secrétaire chargée des relations extérieures de l’association des victimes et rescapés, a expliqué le choix du thème : « 23 ans après, rien n’a changé. Il est donc impératif d’interpeller les consciences, particulièrement les jeunes, pour dire que plus jamais cela ne doit se reproduire dans notre pays. »
Selon elle, l’accent mis cette année sur le changement de comportement découle d’un constat clair : « ce qui a mené au drame, c’est le comportement ». La commémoration 2025 se veut ainsi plus structurée, avec un chronogramme enrichi et une vision renouvelée de la mobilisation. La priorité est désormais accordée aux prières et à la cohésion nationale, avec des cérémonies prévues à travers les trois départements concernés, la veille, le jour même, et le lendemain de la date anniversaire.
« Il ne s’agit plus seulement de discours. Nous avons assez vu, assez entendu. Aujourd’hui, nous devons nous retrouver, échanger, prier ensemble et avancer. Le gouverneur l’a rappelé : sans cohésion, rien ne peut se faire. Aujourd’hui, nous avons cette cohésion. Nous sommes une seule et même famille », a ajouté Mme Ndiaye, saluant également le travail du président de l’association, Monsieur Boubacar BA, « un homme à féliciter pour ses 22 années d’engagement continu ».
Sur le plan organisationnel, une cellule de communication a été mise en place. Son objectif : mieux diffuser le message de la commémoration et engager les journalistes et communicateurs à relayer les activités prévues, notamment dans les localités impliquées. « Nous comptons sur vous pour relayer ce message, pour que ceux qui ne peuvent pas être là la veille puissent malgré tout participer symboliquement », a plaidé Evelyne Ndiaye.
De son côté, Abdou Simbandi Diatta, directeur général de la Culture au ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Culture, a souligné l’engagement de l’État, malgré le changement récent de gouvernement. « Ce nouveau gouvernement fonctionne selon une politique de proximité. Rien ne se fera sans vous, sans les populations concernées. Ce que nous faisons ici, c’est écouter, recueillir les impressions et transmettre aux autorités compétentes. »
Il a également salué l’unanimité autour de la mémoire et de la transmission, évoquant notamment la proposition d’intégrer le naufrage du Joola dans les programmes scolaires. Une suggestion portée par l’inspection académique, que le ministère envisage de relayer au niveau de l’Éducation nationale. « Non à l’oubli, cela implique la transmission de valeurs dès le plus jeune âge. Il faut dire aux enfants : attention, ne faites pas cela, ne reproduisez pas ceci. »
Le ministère reste ainsi à l’écoute des propositions de l’association pour apporter un accompagnement technique et logistique. « Ce n’est pas une première. Le Joola, c’est 23 ans d’histoire, de douleur, mais aussi de résilience. L’État est là pour appuyer, pour comprendre les nouveautés et les attentes », a conclu le directeur.
Cette 23e commémoration se veut donc un tournant. Portée par la mémoire, mais résolument tournée vers l’avenir, elle ambitionne d’unifier, de sensibiliser et surtout de tirer des leçons concrètes du passé pour bâtir un futur plus responsable.
Emedia