La Journée nationale de l’arbre a été célébrée ce 3 août dans le département de Saraya, région de Kédougou, marquant le lancement officiel de la campagne de reboisement pour l’année 2025. Une cérémonie présidée par Mariama Traoré, gouverneure de la région, qui a saisi l’occasion pour rappeler l’urgence environnementale dans une zone profondément marquée par les effets de l’exploitation minière.
En ouvrant la cérémonie, la gouverneure a salué l’engagement des forces vives locales, soulignant que cette activité dépasse le simple rituel symbolique : « Elle s’inscrit dans le cadre du processus institutionnel du gouvernement pour faire face aux enjeux globaux, notamment le changement climatique, la déforestation et la perte de biodiversité. » Elle a insisté sur le rôle central que joue l’État en accompagnant les collectivités territoriales dans leurs efforts de restauration des écosystèmes, appelant à une synergie d’actions entre citoyens, services techniques et partenaires locaux.
Le choix de Saraya pour abriter cette édition n’est pas anodin. Ce département, comme l’a rappelé la gouverneure, est l’un des plus affectés par les cicatrices laissées par les activités extractives, notamment l’orpaillage et la coupe illégale de bois. Ces pratiques ont dégradé la couverture végétale, mis en péril la biodiversité et détérioré la qualité des ressources en eau. D’où l’importance d’une prise de conscience collective pour inverser la tendance. « Planter un arbre n’est plus un simple geste. C’est un acte de survie, de résistance et d’engagement pour les générations futures », a-t-elle déclaré.
Le commandant Dairou Diallo, inspecteur régional des Eaux et Forêts, a abondé dans le même sens. Selon lui, la situation écologique de Saraya appelle à une mobilisation urgente. Il a salué le thème retenu cette année : « Reboiser pour une souveraineté alimentaire durable et pour un développement local résilient », soulignant la pertinence de la problématique dans une région confrontée à des défis structurels d’accès à l’alimentation. D’après lui, la reforestation, à travers notamment la plantation d’arbres fruitiers, permet non seulement de restaurer les écosystèmes, mais aussi de renforcer l’autonomie alimentaire et les revenus des populations.
Deux espèces emblématiques ont été choisies comme arbres parrains de cette édition : le manguier (Mangifera indica), reconnu pour sa forte valeur économique, et le baobab (Adansonia digitata), arbre mythique et médicinal aux multiples vertus. La filière mangue, en particulier, a connu un essor important, passant de 8 000 à 24 000 tonnes de production en 2019, générant 18 milliards de francs CFA d’exportations.
L’inspection régionale des Eaux et Forêts n’a pas ménagé ses efforts pour rendre cette campagne effective et inclusive. Un ambitieux programme de reboisement a été lancé dans l’ensemble des départements de la région : plantations au niveau des axes routiers, des stades municipaux, de 15 écoles, ainsi qu’une vaste distribution de plants dans tous les quartiers de Kédougou. À cela s’ajoute un partenariat stratégique avec l’armée, qui a mobilisé 35 éléments pour enrichir la Réserve naturelle communautaire (RNC) de Dindefello avec 5 000 arbres. Les orpailleurs, souvent pointés du doigt pour leur rôle dans la dégradation, ont également été intégrés à cette dynamique à travers une opération prévue à Bantako réunissant entre 300 et 400 participants.
Les autorités ambitionnent ainsi de faire de cette campagne un levier de transformation locale. En mobilisant jeunes, femmes, ASC, enseignants et leaders communautaires, Kédougou entend répondre de manière concrète au défi lancé par le président de la République en faveur d’un Sénégal vert et résilient.
Ibrahima Sorry Kalloga, Emedia Kédougou