Un jeu politicien qui ressemble à une histoire d’un temps qui fuit en vain, poursuivi par une destinée maudite triomphante dont le pouvoir mystérieux ne fait que commencer. À peine une alternance politique réalisée, des populations découvrent toujours, avec étonnement, le détestable intérêt des politiciens à ne point traduire en actes leur volonté de changement. Une preuve pour des populations de devoir vivre, sans répit, leur misère, supporter toujours plus le fardeau du coût de la vie. Humiliées de leurs votes, elles doivent encore endurer l’insolence des politiciens, leurs fantaisies et autres langages insultants que noie un tumulte de masques qui ne cherchent que leur propre salut. Une cohue que d’aucuns perçoivent comment une panique chez des adversaires terrifiés, des brigands qui ne sauraient échapper à leurs nouveaux «gardiens», quand d’autres y lisent une bouffonnerie d’un roi, d’un chef de clan, chantre des danses circulaires, qui crie : cela sera ! «Donnant un coup d’accélérateur pour ses ultras». Et les voici qui accourent, de leurs pas endiablés, pour exécuter un plan.
Des cris de nous l’exécuterons aux sons de divers instruments… Des tintamarres et autres désordres de gens qui ne voudraient point rater le train des législatives anticipées du 17 novembre 2024. Beaucoup pour avoir déjà pris goût aux délices du pouvoir, beaucoup d’autres encore pour enfin découvrir un nouveau continent, s’associer au festin, flairer, humer les arômes de l’omnipotence. La beauté du spectacle, la somptuosité, fait dans une voracité extraordinaire qui menace un devenir d’un pays qui n’a que trop souffert d’élire des représentants trop dévoués, voire tout dévoués à un chef. Et des leçons de l’histoire ont suffisamment enseigné, ici et partout ailleurs, qu’une personne autoritaire, par ailleurs chef de parti, devenu «chef d’État ou de gouvernement, s’appuyant sur un parti autoritaire et des députés qui suivent aveuglément des directives partisanes, est un danger pour une démocratie». Le délire pré-électoral couvre cette réalité mais demain il fera jour. Dans l’attente des votes, que d’acteurs qui se veulent tous sur la brèche, occupés à avoir même des comportements surprenants, voire suicidaires.
Il faut hurler d’épouvante pour charmer
Dans cette course aux législatives, combien croient-ils indispensables de faire obstacle à l’adversaire, voire faire obstacle à leur propre camp ? Des répugnances, des détestations, des dépits à la suite des investitures… Et les peaux de banane sont dans les listes de chaque parti ou coalition de partis qui se présente à ces élections du 17 novembre. L’envie et la non envie en dispute, une perversité du jeu est là. Mais quelle Assemblée sortira des urnes ? Hostile ou complaisante ? L’une ou l’autre n’enthousiasmera pas des populations qui rêvent sans trop y croire à des députés qui ont une certaine conception de leur dignité personnelle et de celle de leur mandat. Des femmes et des hommes attachés à une certaine forme d’autonomie pour ne pas suivre tête baissée des directives partisanes. Des députés à la ferme volonté de ne légiférer que dans l’intérêt du Sénégal et des Sénégalais qui aspirent à mieux vivre, à mieux être, à ne plus redouter continuellement les supercheries des politiciens. Hélas, cette auguste Assemblée nationale, proprement nettoyée, n’adviendra pas avec la prochaine législature.
Le ton est donné. Aussi la mesure de la campagne électorale et des débats de la XVe Législature. L’argument fera dans le culot et l’agressivité. Le contre-exemple de ce que doit être un élu. Sous des regards scrupuleux des populations, des politiciens continuant de donner une image désastreuse d’eux-mêmes et d’en être fiers. Ils ne trichent pas qu’ils trichent et s’en défendent. Mais, dans leur monde, plus une banalité qui exaspère, plus un mensonge qui horripile. S’il faut hurler d’épouvante, charmer et faire le plein des voix pourquoi s’en empêcher ? Toutefois, des populations qui ne savent que souffrir n’iront sans doute pas voter. Leur survie égare leurs yeux et leurs oreilles n’entendent plus que des voix qui guident leurs pas sur des chemins de santé et de bien-être, de vie moins chère, des voies qui s’ouvrent sur l’emploi. Ces populations ont mal d’attendre que l’œuvre s’accomplit parce qu’elles élisent des gens qui ne savent qu’écrire sur des lignes courbes. Il ne suffit plus de parler pour qu’elles acceptent. «Elles ont besoin d’être convaincues, elles ont besoin de comprendre, elles doivent comprendre ; il est indispensable aussi de les écouter pour mieux les comprendre. Dans ce dialogue, continu, permanent, les dirigeants aussi bien que les masses apprennent les uns auprès des autres, et l’ensemble constitue une force unique tendue vers le nouveau destin…» (Seydou Badian, Les dirigeants d’Afrique noire face à leurs peuples). Les populations en ont assez de grelotter au grand froid pour s’être couvertes de promesses.