Depuis le déclenchement des hostilités entre Israël et l’Iran, vendredi 13 juin 2025, un fait majeur intrigue les observateurs : le silence total du ministère syrien des Affaires étrangères. Alors que la région s’embrase, Damas reste la seule capitale du Moyen-Orient à ne pas avoir condamné les frappes israéliennes massives contre le territoire iranien, contrairement même à l’Arabie saoudite, qui les a dénoncées comme une violation du droit international.
Ce silence n’est pas anodin. Il s’inscrit dans un changement profond de cap diplomatique à Damas, depuis que le nouveau pouvoir en Syrie a renversé le régime de Bachar el-Assad, historiquement allié de Téhéran. Le président de transition, Ahmed el-Charaa, arrivé au pouvoir à la faveur d’un compromis soutenu par des puissances occidentales, a amorcé un rapprochement stratégique avec les États-Unis, et plus discrètement, avec Israël.
Selon le quotidien libanais L’Orient-Le Jour, repris par Courrier international, les avions israéliens menant les frappes contre l’Iran privilégient désormais l’espace aérien syrien pour atteindre leurs cibles. Une stratégie qui marque un tournant dans les équilibres régionaux : jusque-là, Tel-Aviv utilisait généralement l’espace aérien jordanien, voire irakien, pour mener ce type d’opérations.
Si la Syrie ne dispose pas encore de systèmes de défense aérienne performants pour interdire l’usage de son ciel, l’absence de réaction du gouvernement intérimaire syrien laisse peu de doute sur sa position. Plusieurs sources proches du pouvoir estiment que le président el-Charaa n’oppose aucun obstacle à ces survols israéliens, les considérant même comme un levier stratégique pour fragiliser l’influence iranienne dans la région.
Ce basculement met en lumière les lignes de fracture au sein du pouvoir syrien, partagé entre une frange pragmatique, favorable à un réalignement diplomatique avec l’Occident, et une aile plus radicale, issue de l’ancien régime, toujours attachée à l’axe Téhéran-Hezbollah.
Enfin, une partie de la société civile syrienne, épuisée par plus d’une décennie de guerre et de mainmise iranienne sur les structures de l’État, verrait également d’un bon œil l’affaiblissement de l’emprise iranienne.
Dans ce contexte explosif, le choix du survol syrien par l’aviation israélienne n’est pas simplement une décision militaire. Il symbolise un rééquilibrage géopolitique en cours, où la Syrie post-Assad semble prendre ses distances avec son ancien allié iranien, au moment même où la région redéfinit ses alliances.
Emedia