Le Parti de l’Indépendance et du Travail (PIT) exprime sa vive inquiétude face à la situation de plus en plus alarmante de la presse sénégalaise, qu’il accuse d’être victime d’une véritable campagne de liquidation orchestrée par le régime issu de la dernière alternance politique.
Depuis un an, la presse du pays fait face à une pression fiscale et économique croissante. En particulier, la remise en cause brutale de l’effacement fiscal, promis par l’ancien gouvernement pour compenser les pertes liées à la crise du Covid-19, a lourdement frappé les entreprises de presse. Ce choc économique a été amplifié par des campagnes de dénigrement à l’encontre des patrons de presse, accusés de « banditisme fiscal », bien que leurs dettes soient principalement dues aux difficultés économiques survenues après la pandémie, une situation aggravée par l’inaction de l’État.
Le PIT dénonce également le refus du régime d’ouvrir un véritable dialogue sur la situation des médias, malgré les preuves de leur fragilité financière, comme l’attestent des états financiers certifiés. L’État, au lieu de proposer des moratoires fiscaux adaptés, a opté pour une politique de blocage des comptes bancaires des entreprises de presse, paralysant ainsi leur activité. Parallèlement, les créances dues aux médias pour des prestations en 2023 n’ont toujours pas été réglées. Les contrats de publicité ont été résiliés sans préavis, et les subventions inscrites dans la Loi de finances de 2024 ont été gelées.
Le secteur audiovisuel n’est pas épargné. Les frais de diffusion ont été augmentés de manière injustifiée, mettant en péril l’équilibre financier des télévisions privées. Plus grave encore, la confiscation arbitraire des deux bouquets de la société EXCAF, acquis légalement, constitue, selon le PIT, une violation flagrante des engagements de l’État et des principes du droit commercial.
Mais ce n’est pas tout. Le PIT dénonce une volonté manifeste de restreindre la liberté de création des médias, sous couvert d’assainissement. Le gouvernement semble vouloir s’arroger le droit de décider de l’existence des médias, une atteinte grave aux principes constitutionnels et à la liberté d’expression.
Ces actions, jugées délibérées, visent à asphyxier économiquement, juridiquement et fiscalement la presse indépendante. Selon le PIT, elles poursuivent un objectif plus large : réduire au silence les voix critiques et imposer une pensée unique en remplaçant les médias libres par des instruments de propagande.
Le PIT condamne fermement cette dérive autoritaire, qu’il considère contraire aux idéaux de la troisième alternance, et rappelle que la liberté de la presse n’est ni un luxe, ni un privilège, mais une condition sine qua non de toute démocratie véritable.
Le Parti de l’Indépendance et du Travail affirme sa conviction que la presse sénégalaise, malgré ses imperfections, demeure un rempart essentiel contre les dérives autoritaires et les abus de pouvoir. Le pluralisme médiatique, souligne-t-il, est un droit inaliénable du peuple sénégalais et la presse libre et indépendante est un pilier de l’État de droit.
Le PIT reconnaît toutefois les défis internes du secteur, notamment la précarité des travailleurs de la presse, l’insuffisance des moyens matériels et financiers, ainsi que le manque de dispositifs de formation continue et de mécanismes fiables de fact-checking pour lutter contre la désinformation. À cet égard, il plaide pour la tenue d’États généraux inclusifs de la presse, afin d’élaborer, en concertation et consensus, des réformes visant à renforcer une presse libre, professionnelle et responsable. En attendant, le PIT appelle à la dépénalisation des délits de presse, pour que ces derniers soient jugés au civil et non pénalement, mettant fin ainsi aux emprisonnements arbitraires de journalistes.
Le PIT exige l’arrêt immédiat de toutes les mesures répressives contre la presse privée et appelle à un dialogue sincère entre l’État et les professionnels des médias. Ce dialogue, selon le PIT, doit viser à rétablir un climat de confiance, garantir l’indépendance économique et juridique des médias, et permettre aux journalistes de jouer pleinement leur rôle de producteurs d’information et de bâtisseurs de conscience.
Enfin, le PIT réaffirme son soutien inébranlable aux travailleurs de la presse, en lutte pour la reconnaissance de leurs droits économiques et professionnels. Il invite toutes les forces démocratiques, syndicales et citoyennes à se mobiliser pour défendre la liberté d’expression, un pilier fondamental de toutes les autres libertés.
La presse libre n’est pas négociable. Sa défense est un devoir patriotique pour tous ceux qui croient en la démocratie, la justice et l’émancipation du peuple.
Dakar, le 27 avril 2025
Le Secrétariat du Comité Central
Parti de l’Indépendance et du Travail du Sénégal